Infrastructures : l’Afrique bénéficiera des investissements de la BAII, selon Donald Kaberuka

Lundi 29 Juin 2015 - 13:55

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Près d’une soixantaine d’États fondateurs, dont la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Australie ont signé le lundi 29 juin à Pékin les statuts de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII), lancée à l’initiative de la Chine.

Présent sur le lieu de cet événement, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, a dit espérer que l’Afrique bénéficiera des investissements de la nouvelle institution financière des pays d’Asie. « Nous travaillons avec les pays asiatiques pour assurer que les investissements de la BAII bénéficient aux pays africains », a-t-il déclaré à la presse. « Cette banque va investir l’épargne asiatique sur les entreprises rentables. Nous soutenons fortement cette initiative car ce serait un autre véhicule d’investissements. Nous sommes en train de créer des véhicules d’investissements pour permettre à l’Afrique de bénéficier de telles entreprises », a ajouté Donald Kaberuka. Il profitera de son séjour dans la capitale chinoise pour discuter des stratégies permettant aux pays africains de bénéficier des investissements de la BAII dans le domaine des infrastructures.

Selon le président de la Bad, l’institution avait dépensé 28 milliards de dollars dans les infrastructures au cours des dix années passées, qui se traduisent en 80 milliards de dollars, équivalent des bénéfices des économies locales. L’Afrique, a-t-il indiqué, avait en principe besoin de 95 milliards de dollars chaque année pour financer les projets de routes, d’électricité et de ports, mais le continent manque de sources financières pour ces initiatives. « Nous voudrions travailler avec les pays asiatiques pour voir comment étendre certains programmes d’investissements sur les majeurs projets d’infrastructures africains », a fait savoir Donald Kabéruka.

D’après un libre blanc du Bureau d’information du Conseil d’Etat publié en 2014, la Chine a réalisé 86 projets d’infrastructures en Afrique entre 2010 et 2012, et les entreprises chinoises ont amené les capitaux et les technologies au continent.

Le président chinois Xi Jinping a qualifié la cérémonie de signature de l’accord entérinant les statuts de la nouvelle banque asiatique qui est dotée d’un capital de 100 milliards de dollars « d’étape d’importance historique ». « Notre initiative est conçue pour répondre aux besoins de développement des infrastructures en Asie (...) mais aussi pour approfondir les coopérations régionales », a-t-il affirmé. Les autorités chinoises ne cachent pas leur intention de faire de la BAII un instrument de « soft power », dont pourraient profiter à plein les entreprises du pays en quête de débouchés internationaux.

Lancée en grande pompe fin 2014, cette nouvelle institution doit être opérationnelle d’ici à décembre et contribuer à financer des travaux d’infrastructures en Asie, région où les investissements dans ce domaine font souvent défaut. Pékin réussi à rallier au projet nombre de pays occidentaux, mais pas les Etats-Unis ni le Japon, respectivement la 1ère et la 3e économies mondiales. « Cela apportera de nouvelles opportunités à nos entreprises, et promouvra une croissance durable à travers l’Asie », s’est félicitée la ministre singapourienne des Finances, Josephine Teo.

Si plusieurs pays ont adhéré à la BAII, Washington a, en ce qui le concerne, exprimé de vives réserves vis-à-vis de celle-ci, s’inquiétant de son manque de transparence, de sa rivalité avec les organisations de développement existantes, ainsi que du risque que Pékin l’utilise pour ses propres intérêts géopolitiques. Ces réserves s’expliquent aussi au fait que la BAII constitue de facto un contrepoids au contrôle exercé par les Etats-Unis sur la Banque mondiale (BM) et - aux côtés du Japon - sur la Banque asiatique de développement.

Le fonctionnement de la BAII, dont le siège sera situé à Pékin, accorde à la Chine un rôle prédominant, du fait même qu’elle en est, de très loin, le plus important contributeur, avec environ 30% des parts.  L’Inde est le deuxième plus gros contributeur de l’institution avec 8,4% des parts, suivi par la Russie disposée à apporter 6,5%. Parmi les Etats non asiatiques membres fondateurs, l’Allemagne est le principal contributeur avec 4,5% des parts, suivie de la France à hauteur de 3,4% et du Brésil avec 3,2% des parts.

 

Nestor N'Gampoula

Notification: 

Non