Création du parti Mira : des ONG crient haro sur l’impunité des crimes graves en RDCJeudi 20 Août 2015 - 15:15 Pour l’ACIDH et l’Asadho, la création de cette formation politique des Bakata Katanga consacre l’impunité des crimes graves commis au pays. Dans un communiqué conjoint du 18 août, les deux ONG actives dans la promotion et la protection des droits de l’Homme en RDC, Action contre l’impunité pour les droits humains (ACIDH) et l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), se sont dites vivement préoccupées par l’information /déclaration selon laquelle, la milice Bakata Katanga, appartenant à Kyungu Mutanga alias Gédéon, s’est transformée en un parti politique. Cette déclaration, ont noté ces ONG, publiée par la presse nationale depuis le 12 août, a été faite par Nicolas Mbokaya, ancien commandant de Bakata Katanga, qui s’est fait passer pour le porte-parole et le secrétaire général de cette nouvelle formation politique dénommée « Mouvement des indépendantistes révolutionnaires africains » (Mira). Les mêmes causes produisant les mêmes effets Ces deux ONG, en effet, au-delà de la légalité de ce mouvement, craignent que la démarche entreprise par la milice Bakata Katanga soit un moyen pour ses responsables de se disculper de leur responsabilité pénale sur de nombreux crimes et allégations de violations des droits humains mis à leur charge. Ce qui renforcerait, ont-elles noté, l’impunité des crimes graves et autres violations des droits humains que la RDC a enregistrés durant ces deux dernières décennies. « Tel a été le cas avec plusieurs autres milices qui ont opéré notamment dans l’Est de la RDC et qui, par la suite, ont procédé de la même manière et se retrouvent dans le gouvernement et dans l’armée avec des postes de responsabilité, ce qui leur donne ainsi le pouvoir de circuler en toute liberté. C’est le cas du M23, CNDP, etc. », ont souligné ces organisations de la société civile. Devant cette réalité, ces ONG ont exhorté le gouvernement (Primature, Ministère de la Défense et sécurité, Ministère de l’Intérieur), à ne pas valider la candidature de cette milice visant à se muer en un parti politique. Alors qu’elles l’ont également appelée à renforcer les opérations militaires pour traquer davantage les forces milices afin de rétablir la paix dans les territoires de Mitwaba, Manono, Malemba Nkulu et Pweto tout en veillant à la protection des civils ; et à remettre à la disposition de la justice toutes les personnes condamnées et en fuite ainsi que celles sur qui pèsent les allégations des violations des droits humains pour qu’elles subissent la rigueur de la loi. Ces organisations ont également recommandé au gouvernement d’élargir le processus de Démobilisation et de Réinsertion de tous les éléments Maï-Maï qui se rendraient volontiers. Par contre, elles ont sollicité de la Monusco, d’assurer la protection des populations civiles de ces territoires conformément à son mandat, et de faciliter, le cas échéant, la reddition des combattants sous les ordres de Gédéon Kyungu Mutanga. L’ACIDH et l’Asadho ont rappelé que Kyungu Mutanga Gédéon a été poursuivi pour, entre autres, crimes contre l’humanité, mouvement insurrectionnel et crimes de guerre à cause des différents crimes commis par lui et sa milice dans le « Triangle de la Mort » (Mitwaba, Manono et Pweto), entre 2001 et 2004. Il s’est, ensuite, rendu à la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo, ex-Monuc, avant d’être remis à la justice congolaise pour y être entendu. De 2007 à 2009, le Tribunal militaire de garnison du Haut Katanga organisera un procès contre lui à l’issue duquel il sera condamné, le 13 mars 2009, à la peine capitale pour avoir été reconnu coupable de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, mouvement insurrectionnel, terrorisme et homicide. Saisi de cette affaire au degré d’appel, la Cour militaire du Katanga confirmera à son tour la décision du premier juge. Alors qu’il purgeait sa peine au Centre pénitentiaire de la Kasapa, Kyungu Mutanga s’en évadera de façon spectaculaire, le 7 Septembre 2011 pour aller s’installer à Mitwaba. De retour dans sa base, Gédéon rebaptisera son ancien mouvement Maï-Maï en Bakata Katanga avec, à la tête comme commandant chargé des opérations suicides, Nicolas Mbokaya. Ces deux ONG ont noté qu’après cette réinstallation, plusieurs autres crimes et violations graves des droits humains s’enregistrent dans la même zone. « Compte tenu de l’immensité de ces crimes, le triangle de la mort s’était mué en rectangle de la mort », ont-elles appuyé, avant de rappeler qu’en réaction à ces crimes, le Gouvernement congolais organisera en janvier 2014, une forte opération militaire visant la traque de toutes les milices actives dans le nord de l’ancienne province du Katanga. « Contre toute attente et pendant que ce mouvement est encore à pied d’œuvre, nos organisations sont surprises d’apprendre de sources sûres que des discussions et négociations sont en train d’être menées entre le Gouvernement de la RDC et Gédéon Kyungu, qui aurait posé comme condition de la cessation de ce mouvement insurrectionnel Bakata Katanga, qu’il bénéficie de la grâce présidentielle et qu’il soit mué en un parti politique. Ce serait en marge de ces discussions qu’il rebaptisera sa milice en Mira. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo : Gédéon Kyungu Mutanga, lors du procès Notification:Non |