![]() Dialogue national : l’UDPS et l’UNC aux antipodesMardi 8 Septembre 2015 - 16:14 Plus rien ne rapproche aujourd’hui ces deux partis phares de l’opposition congolaise sur l’opportunité de l’organisation de ce forum national. Entre Étienne Tshisekedi et Vital Kamerhe, hier partenaires politiques combattant pour un idéal commun, ce n’est plus le grand amour. La différence d’approche, qui sépare ces deux leaders politiques quant à la perspective du dialogue en vue, serait à la base du froid qui caractérise actuellement leurs rapports interpersonnels. Une situation qui a tout aussi affecté leurs partis politiques respectifs déjà en proie à une guerre de leadership au sein d’une opposition déchiquetée et visiblement en mal de repère. Plus s’égrène le temps, plus les divergences se corsent davantage sur cette problématique du dialogue. En témoignent les empoignades auxquelles l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et l’Union pour la nation congolaise (UNC) se livrent ces temps derniers via leurs cadres respectifs à travers les médias. L’UDPS qui, au départ, avait fait cause commune avec ses pairs de l’opposition affichant quelques réticences par rapport au dialogue avait fini par mordre à l’hameçon. Le parti d’Étienne Tshisekedi s’est désolidarisé du front du refus qui ne pouvait hélas plus compter avec ses membres dans certaines de ses manifestations. Évoluant en solo, développant ses propres convictions et appuyée par quelques partis satellites, l’UDPS incarne aujourd’hui l’opposition modérée dont les vues sur le dialogue rejoignent, dans une certaine mesure, celles de la majorité au pouvoir. Quand bien même le parti déclare s’inscrire dans le schéma tel que prescrit par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et non dans celui édicté par Joseph Kabila, il reste néanmoins en phase avec la « kabilie » sur le principe. C’est sur le fond avec, à la clé, l’exigence d’une médiation étrangère que les discussions ont achoppé entre les émissaires de Joseph Kabila et les délégués de l’UDPS lors de leur dernière entrevue en Europe, apprend-on. À l’UDPS, on est convaincu que c‘est par le dialogue que l’on parviendra à résoudre toutes les équations relatives au processus électoral en cours. « Il est important que la classe politique se mette autour d’une table pour éviter un processus biaisé et des élections bâclées comme en 2011. Nous militons pour des élections crédibles et transparentes », ne cessent de marteler les partisans d’Étienne Tshisekedi. Ils estiment au passage qu’il y a suffisamment de temps pour enrôler les nouveaux majeurs dans les trois mois qui suivent et organiser les élections législatives et présidentielle dans le délai. Du berger à la bergère Une approche que ne partage pas l’UNC de Vital Kamerhe qui reste, elle, figée sur sa position d’anti-dialogue. Ce parti estime qu’en lieu et place de ce forum, la tenue des élections devrait plutôt être la préoccupation essentielle de la classe dirigeante. Il n’y a aucune raison valable, pense-t-on ici, d’aller au dialogue à une année de la fin du mandat de Joseph Kabila si ce n’est la volonté mal dissimulée de chercher à donner à ce dernier un mandat supplémentaire en forçant un consensus politique. Par ailleurs, l’UNC décèle une certaine naïveté dans le chef des pro-dialogues recrutés dans l’opposition qui se laissent berner par le discours enchanteur des « kabilistes » qui font croire que cette matière ne sera pas à l’ordre du jour. L’obstination de ces derniers à assurer le maintien de l’actuel chef de l’État au-delà de 2016 devrait faire douter l’opposition sur la bonne foi de la majorité à négocier un dialogue sincère sans arrière-pensée, fait-on remarquer à l’UNC. En outre, le prétexte de manque d’argent brandi par le gouvernement pour justifier le financement à compte goutte du processus électoral en cours est perçu par Vital Kamerhe et compagnie comme une fuite en avant pour ne pas organiser les scrutins présidentiel et législatifs à échéance échue et créer ainsi les conditions du glissement. « Ce n’est pas le dialogue qui va résoudre le problème de financement des opérations de la Céni mais plutôt les institutions de la République. Ce n‘est pas le dialogue qui régule un pays. La gestion courante de l’État est assurée par les institutions », se convainc-t-on à l’UNC. Une façon de contredire l’UDPS qui voit dans ce forum le champ requis pour enlever tous les écueils qui obstruent le processus électoral dont le problème lié à son financement. À tout prendre, plus rien ne rapproche aujourd’hui l’UDPS et l’UNC sur la question du dialogue. Une division qui fragilise de plus bel l’opposition à la veille des législatives et de la présidentielle prévues, selon le calendrier global de la Céni, pour novembre 2016. Alain Diasso Notification:Non |