Tracasseries routières : l’Asadho insiste sur la réforme de la police nationale

Mercredi 23 Octobre 2013 - 15:55

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L’ONG exhorte à la revisitation de la mission de ce corps de métier, à son organisation et son fonctionnement.

Dans le rapport d’une enquête menée au mois de septembre sur les tracasseries routières dans la ville-province de Kinshasa rendu public, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) a recommandé comme remède la revisitation de la mission de la police nationale (PNC), son organisation et son fonctionnement. Selon cette ONG, reconstruire l’État en RDC revient à réformer les services de sécurité dont la police nationale.

Pour l’Asadho, cette restructuration devrait tenir compte du besoin d’avoir une police totalement dévouée à la protection des personnes et de leurs biens, capable de contribuer à la consolidation de la démocratie et au respect des droits humains. De l’avis de cette ONG, dans une ville comme Kinshasa, la police de circulation routière (PCR) joue un très grand rôle dans la mesure où elle contribue à la sécurité routière en dépit du fait que certaines de ses pratiques constituent des atteintes aux droits des usagers de la route. « Ces pratiques constituent de véritables tracasseries sur les voies publiques », a regretté l’Asadho.

L’ONG a noté que pour les policiers, les tracasseries seraient justifiées par les conditions socio-professionnelles très mauvaises dans lesquelles ils travaillent alors que pour elle, les tracasseries sur les routes de Kinshasa sont aussi la résultante de la complicité des autorités de la police, de la faible formation des policiers, de l’absence des sanctions et de discipline au sein de la PNC. L’association a considéré également le fait que les populations congolaises n’exigent pas un comportement exemplaire de la part de tous les fonctionnaires, principalement de la PNC. Les populations s’accommodent avec ce genre d’antivaleurs. « Avec le charroi automobile qui est devenu de plus en plus grand dans la ville de Kinshasa et l’indiscipline des conducteurs, la police de circulation routière (PCR) est très sollicitée. Sans la présence de la PCR, la circulation des véhicules à Kinshasa peut devenir impossible. Quoiqu'ils fassent un bon travail, les policiers de circulation routière sont mal payés, ce qui fait qu’ils sont très vulnérables à la corruption et ils inventent toutes sortes de mauvaises pratiques possibles pour obtenir de l’argent auprès des usagers de la route », a noté l’ONG.

La sanction

De l’avis de l’Asadho, pour mettre fin à ces antivaleurs qui discréditent la PCR, il est impérieux que les mesures soient prises pour sanctionner négativement tous les policiers qui se comportent de manière indigne sur la voie publique. À l’en croire, à côté de la sanction, il devra être aussi question de former les policiers et de leur donner un salaire qui le mettrait à l’abri de la corruption.

Dans cette optique, l’ONG a recommandé au gouvernement de pouvoir améliorer les conditions de vie des policiers par le paiement d’une solde convenable en tenant compte du pouvoir d’achat et de lancer une campagne de lutte contre la corruption en direction des policiers de circulation routière et des usagers de la route. Elle a également préconisé la mise en place d’une commission composée des représentants de la PCR, du ministère de Transport et voies de communication (Tvcom) et de la société civile pour documenter tous les cas de tracasserie dont les policiers se rendent coupables sur la voie publique et de faire sanctionner tous les policiers de circulation routière qui s’adonnent publiquement à la corruption et aux tracasseries sur les voies publiques.

Le ministère de Tvcom a été appelé de vulgariser le code de la route au profit des usagers de la route et de la PCR. Cependant, les conducteurs et usagers de la route ont été exhortés à apprendre et à respecter le code de la route, de refuser de donner de l’argent aux policiers à titre de corruption et de s’abstenir d’utiliser toutes les voies de fait contre les policiers de circulation routière.

L’Asadho a recommandé à la société civile d’organiser des campagnes de lutte contre la corruption et les tracasseries en faveur des policiers et des usagers de la route, d’assurer le monitoring et de dénoncer tous les cas de corruption et des tracasseries dont les policiers se rendent coupables sur les voies publiques. Alors que la population a été appelée à dénoncer auprès des autorités et des organisations des droits de l’homme tous les abus dont les policiers de circulation routière se rendent coupables sur les artères publiques.

Pour cette ONG, en effet, la crise qui sévit depuis des années en RDC est fondamentalement une crise des institutions publiques qui ne savent pas assurer les services de base aux populations locales. Pour l’association, cette crise a fait que l’État soit fragilisé au point que tous les observateurs se demandent s’il existe encore un État dans ce pays. La crise de l’État touche tous les secteurs, principalement les services de sécurité dont la PNC.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des policiers de circulation routière sur le boulevard du 30 juin