Immigration : Le pape en visite dans un camp grec de réfugiés

Jeudi 7 Avril 2016 - 20:03

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 Le Souverain pontife ira saluer les réfugiés agglutinés sur l’île grecque de Lesbos la semaine prochaine,.

Aussi bien les autorités religieuses que politiques de Grèce se réjouissent déjà de l’arrivée du pape François dans ce pays, samedi 19 avril prochain. C’est d’ailleurs à leur invitation que le Souverain pontife a rapidement inscrit cette visite dans son programme. Sa constante invite à voir dans les immigrés des humains à secourir et non seulement des problèmes à résoudre ; son spectaculaire rapprochement avec l’Eglise orthodoxe de Moscou, dont il a rencontré le patriarche Cyrille en février dernier à Cuba, expliquent ce déplacement dans un pays où les orthodoxes exercent une influence non-négligeable.

Invités à la fois par le patriarche de Constantinople Bartholomée, chef spirituel des orthodoxes, et par le président de la République grecque, Prokopis Pavlopoulos, le Souverain pontife entend aller serrer la main aux centaines de migrants accueillis à Lesbos. La visite en soi sera brève, du genre de celle qu’il avait effectuée, en juillet 2013, à l’île italienne de Lampedusa, en Sicile, porte d’entrée de millions de migrants en Europe. C’était à cette occasion que le chef de l’Eglise catholique avait lancé sa désormais célèbre dénonciation contre « la mondialisation de l’indifférence ».

Depuis lors, le pape n’a cessé d’exhorter à la solidarité avec les immigrés, invitant l’Europe à ne pas se barricader sur elle-même ; à bâtir des ponts, et non à s’entourer de murs. Ces dernières semaines, le chef de l’Eglise catholique a souligné « l’urgence importante » de la crise des migrants en Grèce. Partant de Turquie, nombre d’entre eux se noient en Mer Egée avant d’atteindre les îles grecques. Beaucoup fuient la guerre en Syrie, mais il y a aussi parmi eux un nombre croissant d’originaires d’Afrique subsaharienne. Par exemple: des 202 migrants renvoyés mardi dernier de Grèce vers la Turquie à la faveur d’un récent accord dans ce sens, 13 étaient afghans et congolais.

Certains d’entre eux remplissaient même les conditions pour introduire une demande d’asile politique en Grèce, a dénoncé Vincent Cochetel, directeur-Europe du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, HCR. « Une erreur administrative », ont admis les autorités grecques. Pour le pape, « la file toujours plus nombreuse de migrants et de réfugiés fuyant la guerre, la faim, la pauvreté et l'injustice ne doit pas être oubliée. Ces frères et sœurs rencontrent trop souvent en chemin la mort ou un refus de ceux qui pourraient leur offrir un accueil et de l'aide ».

Pour lui, cette situation offre aussi aux Eglises chrétiennes l’occasion de se montrer solidaires et d’œuvrer ensemble à soulager la souffrance de personnes trop souvent vues comme des chiffres et non des humains. La visite du pape à Lesbos sera brève mais chargée en symboles dans une Europe dont la méfiance à l’égard des migrants grandit au fur et à mesure des attentats islamistes ici et là. Le pape quittera Rome en milieu de matinée samedi et reviendra au Vatican en soirée. Il a demandé à tous les diocèses d’Europe d’accueillir des familles de migrants, un appel qui n’a reçu que des réponses timides et isolées alors que le Vatican lui-même héberge deux familles de migrants syriens.

Lucien Mpama

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