Le Vatican met en garde contre l’usage indiscriminé des drones !

C’est ce que les Italiens appelleraient un « tempisme » ; une coïncidence dont on ne peut dire si elle est bonne ou non. Car la prise de position exprimée par un haut prélat au siège des agences spécialisées des Nations-Unies à Genève, mardi, prend quelque peu le contrepied de l’ONU. Elle survient juste le jour où sa mission en République démocratique du Congo lançait à Goma les deux premiers des cinq avions de surveillance sans pilote. Le Vatican veut faire entendre fortement sa voix. Il ne condamne pas les drones pour ce qu’ils sont, des avancées technologiques majeures pouvant épargner des vies, mais invite à réfléchir aux implications éthiques et morales de leur usage.

Prenant la parole lors du débat engagé par les agences de l’ONU à Genève sur la Convention sur l’interdiction et la limitation de l’usage de certaines armes conventionnelles, le représentant permanent du Saint-Siège, Mgr Silvano Tomasi, a souligné que même si les drones sont différents entre eux, ils ont en commun les mêmes implications humanitaires. Ils posent les mêmes questions éthiques. « L’aspect le plus critique, a-t-il dit, est l’incapacité de ces systèmes préprogrammés à fournir une évaluation morale sur la vie et sur la mort ; à respecter les droits humains et observer le principe même d’humanité ».

Semblant faire écho à des préoccupations émises dans des pays où ce type d’avions sans pilote est utilisé, le Pakistan notamment, le Saint-Siège appuie l’idée d’une autorisation préalable du Conseil de sécurité de l’ONU avant tout usage de ce type d’engins dans un pays. Car, pour le cas des drones armés qui agissent notamment au Pakistan, ils finissent par tuer indifféremment civils et hommes armés, personnes âgées sans défense et enfants innocents, cibles et victimes collatérales.

« Le développement de la technologie des drones armés et leur plus grande fréquence d’applications militaires constituent un changement notable dans la manière de conduire les actions hostiles », a estimé Mgr Tomasi. Pour le Vatican, le recours aux drones souffre du non-savoir de leur impact sur les civils. Et pour Mgr Tomasi, cela est en amont la résultante d’un manque de transparence chez ceux qui prennent de telles décisions.

À préciser tout de même que les drones déployés à l’est de la RD-Congo, mardi, ne sont pas porteurs de bombes. Il s’agit d’avions fabriqués par la société Selex ES, filiale du géant italien Finmeccanica, qui en livrera trois autres. Ils ont un rayon d’action de 250 km pour une autonomie de 12 heures. Ils sont dotés de capteurs qui permettent la vision même à travers la dense forêt tropicale ; et peuvent distinguer à distance véhicules et personnes aussi bien de jour que de nuit, a précisé l’ONU.