Tournée expresse en Afrique d’Angela Merkel sur fond de migration, sécurité et développement (9-11 octobre)

Lundi 10 Octobre 2016 - 13:03

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La chancelière allemande, Angela Merkel, a entamé hier une visite africaine par le Mali, avant de se poursuivre au Niger et se terminer en Ethiopie. A son agenda d’Angela Merkel, figure l’intensification de la collaboration allemande avec les pays africains dans la lutte contre l’afflux migratoire vers l’Europe, la sécurité et le développement.

Renforcer la sécurité au Mali et au Niger

À Bamako, la capitale malienne, la chancelière allemande a évoqué la sécurité et le développement avec les dirigeants du pays, notamment le président Ibrahim Boubacar Keita. En 2013, pour accompagner la relance économique du Mali, l’Allemagne  avait accordé 100 millions d’euros d’aide au pays. Elle a annoncé le renforcement de la coopération bilatérale dans la décentralisation et la bonne gouvernance, l’agriculture productive et durable, l’eau et l’assainissement. Angela Merkel a aussi passé en revue les centaines de soldats allemands engagés au sein de la mission militaire onusienne Minusma, qui combattent les groupes islamistes de la région. Le Mali a sollicité le renforcement de ses relations avec  l’Allemagne dans le domaine militaire.

Le 10 octobre à Niamey au Niger, elle devrait annoncer la création à Agadez d'une base militaire de soutien à cette opération. A la veille de l’arrivée de la chancelière, le Niger vient de subir une nouvelle attaque  qui a fait 22 morts, près d’un camp de réfugiés à la frontière avec le Mali.  

L'enjeu est double. Agadez se situe au sud du Sahara, où sévissent les milices djihadistes, mais aussi les contrebandiers de la migration. La ville s'est imposée comme un carrefour de transit pour rejoindre l'Europe via la Libye et la mer Méditerranée. L'Allemagne  souhaite envoyer davantage de troupes en Afrique, notamment dans les zones visées par les attaques djihadistes. La chancelière allemande plaide en faveur de la hausse d’investissements en Afrique. Seul moyen efficace de lutter contre les flux migratoires. Elle rappelait récemment que « la population africaine va doubler d’ici 2035. Du bien-être de l’Afrique dépendra la façon dont nous allons vivre en Allemagne », a-t-elle rappelé  le 7 octobre dernier. Elle avait promis à ses citoyens une baisse des flux migratoires. Une promesse qu’elle  ne pourra tenir qu’en en associant l’Afrique. Angela Merkel pense que le meilleur moyen de lutter contre l’immigration clandestine est d’encourager la croissance économique, de lutter contre le terrorisme et la corruption en Afrique.

Le Niger et le Mali, un choix lié à l' émigration clandestine

Le chargé de programme gouvernance et sécurité en Afrique subsaharienne pour la Fondation allemande Konrad Adenauer, Dr Oswald Padonou, a expliqué le choix de la chancelière de se rendre au Mali et au Niger. Sur le plan sécuritaire : « La ville d’Agadez représente une plaque tournante de l’émigration clandestine vers l’Europe, dont l’Allemagne est l’un des principaux pays de destination. C’est une question importante pour l’Allemagne que le Niger soit stable et ait les moyens d’empêcher le transit de migrants sur son sol, à destination de l’Europe et de l’Allemagne particulièrement ». Ajoutant : « La stabilité et la sécurité en Europe passent aussi par le contrôle des flux migratoires et cela passe aussi par le développement économique du Sahel. La réponse sécuritaire ne peut pas seule aider à surmonter les défis auxquels le gouvernement nigérien doit faire face ».

En matière de coopération : le Mali et le Niger connaissent des difficultés économiques qui favorisent l’essor de groupes rebelles : « aujourd’hui, l’essentiel des ressources tirées de l’exploitation de l’uranium ou du pétrole sont en chute libre sur les marchés mondiaux, donc les recettes de l’Etat nigérien baissent en conséquence. Or, au même moment, l’Etat doit faire face à des questions de sécurité importantes » a déclaré Dr. Oswald Padonou.

« Le gouvernement [allemand] a dû procéder à des dépenses importantes pour équiper les forces de défense et de sécurité, qui font face à deux ou trois fronts : le nord avec la Libye, le sud avec le Nigeria mais aussi le sud avec le Mali. Et tout cela cohabite avec l’urgence sociale, les besoins de la population en terme d’équipements sociaux-économiques, d’écoles, d’hôpitaux etc. Donc la sécurité est une question globale sur laquelle l’Allemagne s’engage avec cette visite de la chancelière dans la région, qui sera un bon signal dans la coopération entre l’Allemagne et les Etats sahéliens », a-t-il expliqué.

A propos  des IDE allemands en Afrique

La chancelière allemande plaide en faveur de la hausse des investissements directs étrangers en Afrique dans l’agriculture, l’énergie solaire, et incite les entreprises allemandes à prendre le chemin de l’Afrique. Elle pense que  « le colonialisme a contribué à ce que bien des choses soient difficilement réalisables en Afrique aujourd’hui ». Elle encourage les Africains à apprendre l’allemand. « J'invite tout le monde en Afrique à apprendre l'allemand et à participer à "l' aventure" que représentent les études en Allemagne », a-t-elle déclaré dans son podcast, avant d’appeler l'Allemagne à repenser l'Afrique et à se dégager d'une vision trop tournée vers les besoins d'aide de certains pays du continent. Elle a indiqué que de nombreux pays africains connaissent du succès, insistant sur des occasions d’échanges économiques offertes par ce continent, sur plus de coopération.  « Certains pays africains ont des matières premières. Nous voulons qu'eux aussi en profitent. L'Allemagne peut ici être un courtier honnête », avait-elle dit en mars 2014.

En Ethiopie, Angela Merkel assistera, le 11 octobre à Addis-Abeba, à l’inauguration du nouveau bâtiment de l’Union africaine (UA). Elle doit recevoir à Berlin, le président en exercice de l’UA, Idriss Deby, et le président de la République fédérale du Nigeria, Muhammadu Buhari, dans les prochains jours. 

Noël Ndong

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