Libye : Il y a cinq ans, Mouammar Kadhafi était assassiné

On impute généralement la mort du colonel Mouammar Kadhafi à la présidence française de M. Nicolas Sarkozy, ce que celui-ci conteste vigoureusement. Il y a cinq ans, le 20 octobre 2011, on annonçait officiellement l’assassinat du leader libyen, traqué dans sa ville de Syrte et retrouvé dans une canalisation où quelque exalté l’avait abattu d’une balle (de son propre pistolet semble-t-il) à la tête. Une année durant, la Libye avait été pilonnée par les forces occidentales françaises, britanniques et – un peu en traînant – américaines.

L’Italie, ancienne et éphémère puissance coloniale, avait alors, sous la présidence du conseil de Silvio Berlusconi, tenté de freiner des quatre fers pour sauver un allié certes encombrant mais partenaire de poids aussi en affaires. Quelques mois avant le déluge de feu qui devait détruire son pays, Mouammar Kadhafi était venu à Rome et avait donné une interview d’une rare prémonition. « Si vous (les Occidentaux) m’éliminez, vous aurez l’immigration. Des hordes d’Africains analphabètes iront envahir l’Europe depuis la Libye. Et il n’y aura personne pour les arrêter », avait-il déclaré.

Outre pour « les hordes d’analphabètes », ce scénario est aujourd’hui celui qui s’est vérifié, les guerres en Syrie et en Irak ayant gonflé les rangs des migrants. Tous  tentent de sauter dans un bateau depuis la Libye, à 300 Km des côtes italiennes. Il avait annoncé que le chaos qui régnerait favoriserait la pénétration des troupes de Ben Laden en Europe. Le leader du mouvement terroriste d’Al Qaida a été tué, mais ceux qui lui ont succédé ont mis sur pied le terrible État islamique qui essaime aujourd’hui jusqu’au Nigéria, à toujours partir de la Libye, après avoir pris naissance en Irak.

La Libye d’aujourd’hui est un pays qui peine à se ressouder. Les différentes entités se sont renforcées ; de géographiques elles sont devenues politiques et antagonistes. Dans le même temps, deux parlements et deux gouvernements rivaux ne parviennent pas à s’entendre, alors que sur le terrain des milices font le coup de feu continu et retardent un retour à la normalité et la reprise paisible des exportations de pétrole. L’Italie appuie les efforts de pacification. L’hôpital militaire de Misurata qu’elle a permis de faire re-fonctionner est opérationnel depuis jeudi, a annoncé la ministre de la Défense Roberta Pinotti, estimant qu’il  représentait désormais un pôle d’excellence contre les défis sanitaires que le pays doit affronter.