Développement : Achille Mbembe : « L’avenir des Africains se trouve entre leurs propres mains »

Vendredi 18 Novembre 2016 - 16:25

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Deux penseurs africains, l’économiste sénégalais Felwine Sarr, et l’historien et politologue camerounais Achille Mbembe ont organisé à Dakar la 1e édition des ateliers de la pensée.

 

L’atelier a réuni des intellectuels d’Afrique francophone et de la diaspora pour faire le point sur l’état des travaux et réflexions, et tracer une nouvelle voie pour penser à l’avenir de l’Afrique, en sortant du temps post-colonial.

« Ces journées ont affirmé que le futur du continent africain est ouvert, et qu’il nous appartient de le faire advenir, au cours d’un processus qui n’est pas prédéterminé », ont indiqué les séminaristes.

Ils ont appelé  à mettre la pensée au service de l’action, notant que depuis les indépendances, la frénésie d’action n’a guère servi. Ils appellent aussi à déterminer des axes, tout en reconnaissant qu’il faudra « reconstruire nos infrastructures psychiques », comme le disait Franz Fanon, dans « Peaux noires, masques blancs ». Les thèmes de la honte et de l’estime de soi ont été déterminants. Il a été également évoqué la reconnaissance planétaire de la question africaine, du fait qu’une partie de l’avenir du monde se joue en Afrique. 

Pour Achille Mbembe, « il est temps de prendre à bras-le-corps la question du futur de l’Afrique, qu’il soit immédiat, proche ou lointain ». Il a appelé à sortir d’une certaine conscience victimaire, de la quête « viscérale » de boucs émissaires, sans tomber dans l’ « amnésie historique », mais au contraire dans la prise de responsabilité, convaincu que « notre sort se trouve entre nos mains ». 

« Ce qui implique de sortir du glacis colonial et de remettre en question tout ce qui prétend à l’intangibilité, qu’il s’agisse des frontières, de la gérontocratie, du patriarcat ou de la pensée magique ».

Quelques débats ont porté sur l’économie, avec pour sentiment dominant que « l’Afrique a payé très cher sa soumission à « l’économisme », une manière très instrumentaliste de penser le monde et l’avenir ». Pour eux, l’économie ne peut être coupée des faits sociaux et anthropologiques. Elle est une affaire de moyens. Des échanges ont également porté sur la place du secteur informel dans les économies africaines, défit en « négatif » et contre les tenants du néo-libéralisme  qui estiment qu’il faut absolument lutter, « alors qu’il est porteur de flexibilité et de solutions », selon d’autres points de vue plus hétérodoxes.

Les intervenants ont noté que le centre de gravité de la pensée critique de la langue française est en train de se déplacer vers le Sud. « A l’heure où la France se recroqueville sur elle-même et tourne le dos au monde », ils pensent que le renouveau de la pensée, de l’écriture et de la création d’expression française au cours du 21e siècle viendra des marges de l’ex-empire. 

Noël Ndong

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