Vœux du corps diplomatique : le dialogue, seul moyen de réglement des conflits et des crises, selon Denis Sassou N'Guesso

Lundi 6 Janvier 2014 - 19:15

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« Le Congo croit à la vertu du dialogue comme seul moyen de règlement des crises et des conflits », a déclaré le président Denis Sassou N’Guesso, lors de sa réponse à la doyenne du corps diplomatique, l’ambassadeur de Centrafrique au Congo, Marie-Charlotte Fayanga, à l’occasion de l’échange de vœux avec les ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques, le 6 janvier, au Palais du peuple

 Reconnaissant qu’au cours de l’année 2013 « la paix et la sécurité ont été en maints endroits du monde mises en péril », le président de la République a insisté sur la fragilité de la situation sécuritaire en Afrique. « Le continent est exposé au terrorisme, à la criminalité transfrontalière, aux rebellions et aux guerres civiles », a-t-il déploré.

Pour Denis Sassou N’Guesso, ces phénomènes sont autant de facteurs d’instabilité dont certains se sont exacerbés les douze derniers mois. Il a notamment cité les exemples de la République Centrafrique évoquant un pays « au bord de la déliquescence ». Il a lancé un appel à la communauté internationale : « Au-delà de l’urgence sécuritaire et humanitaire qu’elle doit résoudre, la communauté internationale se doit d’apporter à ce pays meurtri toutes les ressources nécessaires à la restauration de l’autorité de l’État. »

Dans cette optique, le président de la République a déclaré renouveler à la France la reconnaissance et le soutien du Congo et de l’Afrique centrale du fait de « son appui et son engagement exemplaire dans la recherche d’une solution durable à la crise centrafricaine ». Il a également adressé sa reconnaissance à l’Union européenne ainsi qu’aux États-Unis d’Amérique, deux partenaires dont l’intérêt pour la crise centrafricaine a été souligné.

Attentif à ce qui se passe en République démocratique du Congo, le chef de l’État a noté des « progrès notables » enregistrés dans ce pays en crise à la suite des accords intervenus à la fin de l’année dernière entre les autorités de Kinshasa et les rebelles du M23 après de longs pourparlers à Kampala en Ouganda. Il a apprécié l’évolution du climat général au Mali avec la tenue de l’élection présidentielle et des élections législatives, et invité la communauté internationale à tout mettre en œuvre afin que la Somalie, en phase de sortie de crise, puisse reconquérir sa souveraineté.

Denis Sassou N’Guesso a lancé le même appel en direction des deux Soudan, mais également des dirigeants du Soudan du Sud afin que cessent les violences. Il a formé le vœu qu’une solution définitive soit trouvée au conflit israélo-palestinien. « Le Congo accorde au multilatéralisme un intérêt particulier, car il est la source des réponses aux questions qui préoccupent le monde », a expliqué le chef de l’État, pour qui une communauté internationale « solidaire et agissante », serait, en tous points de vue, le lieu irremplaçable des consensus devant aider à faire face aux maux qui minent le monde. « Nous veillons à ce que le climat de paix qui règne dans notre pays et dont vous êtes témoins se consolide davantage et toujours ; nous faisons les mêmes efforts dans le domaine du développement afin de rendre irréversible la marche de notre pays vers le progrès », a conclu le chef de l’État.

La doyenne du corps diplomatique reste optimiste

L’ambassadeur de Centrafrique au Congo et doyenne du corps diplomatique, Marie-Charlotte Fayanga, qui s’était exprimée avant le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, a dépeint une situation internationale caractérisée par la persistance des conflits armés l’année écoulée. Elle a, en même temps, affiché son optimisme pour l’année qui commence déclarant : « L'espoir reste permis au regard de cette volonté de convergence de vue et cette synergie d’action qui reste la caractéristique essentielle des relations internationales et en demeure le cœur. »

Marie-Charlotte Fayanga a commencé son message en déplorant les conflits qui ont secoué ou continuent, au seuil de cette nouvelle année, de secouer le Mali, la Libye, l’Égypte, la Syrie, Israël et la Palestine, la République démocratique du Congo ainsi que la Centrafrique, son propre pays. « Les conséquences de ces crises menacent dangereusement les équilibres sociopolitiques et géostratégiques du monde », a-t-elle relevé. Elle a également parlé, s’agissant de l’Afrique précisément, de « l'impact négatif de ces violences sur les populations exposées à la faim, à la nudité, à la souffrance et au dénouement ».

Ces mêmes populations condamnées à l’errance dans le but de se mettre à l’abri sont souvent confrontées à un vrai dilemme : « Très souvent, les localités qui les accueillent n’offrent jamais les conditions de vie tant espérées », a relevé la doyenne du corps diplomatique, interpellant les chefs d’État de tous les pays, afin, a-t-elle imploré, « qu’ils préservent la dignité de la personne humaine et la justice sociale dans toute leur plénitude ».

L’ambassadeur de Centrafrique a particulièrement salué le rôle de médiation que joue le président Denis Sassou N’Guesso en Centrafrique et la disponibilité dont il fait montre dans la situation de la République démocratique du Congo. « Votre engagement personnel et celui de votre gouvernement dans les différentes médiations en République démocratique du Congo et en République Centrafrique, ont porté des fruits très appréciés aussi bien dans la sous-région qu’au sein de la communauté internationale », a-t-elle indiqué.

La doyenne du corps diplomatique s’est également félicité de la proposition faite par le président Denis Sassou N’Guesso lors du sommet de l’Élysée, les 6 et 7 décembre à Paris, relative à la création d’une force africaine de maintien de la paix. Elle a aussi rendu hommage à la Première dame du Congo, Antoinette Sassou N’Guesso, qui, lors de ces assises, avait plaidé en faveur de la paix en Centrafrique durant la rencontre des épouses des chefs d’État africains en marge du sommet.

Parlant de la situation intérieure du Congo, Marie-Charlotte Fayanga a noté avec intérêt la concertation politique de Dolisie, qui avait réuni début 2013 les acteurs politiques du Congo et à laquelle elle avait pris part. « En dépit des nombreux défis à relever, le Congo, comme tous les pays en transition démocratique, avance irrésistiblement vers le progrès, le droit et la justice sociale », a reconnu l’ambassadeur de Centrafrique. Elle s’est appuyée notamment sur « les réalisations du gouvernement congolais aux plans économique, social et culturel » pour étayer son propos. La diplomate a enfin évoqué la mémoire de Nelson Mandela, le héros anti-apartheid décédé début décembre, devant lequel le monde entier s’est incliné. Elle a aussi souligné les efforts de la diplomatie congolaise qui avait en son temps, concouru dans le concert des initiatives planétaires à gagner la bataille de la liberté en Afrique du Sud.

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

Le président Sassou N'Guesso prononçant son discours devant le Corps diplomatique, le 6 janvier à Brazzaville ; Marie Charlotte Fayanga, ambassadeur de la Centrafrique et doyenne du corps diplomatique/ crédit photo Adiac