Centrafrique : les conclusions du sommet de la Cééac seront-elles appliquées sur place ?

Jeudi 9 Janvier 2014 - 14:29

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Les pays membres de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (Cééac) se retrouvent aujourd’hui à N’Djamena au Tchad, pour tenter, une nouvelle fois, de trouver une solution à la crise qui déchire la Centrafrique. Mais, les conclusions auxquelles vont parvenir les chefs d’État et de gouvernement seront-elles respectées par le régime et l'opposition en place pour enfin satisfaire les attentes du peuple centrafricain et de la communauté internationale ?

Tout le monde s’était réjoui avant la tenue des assises d’entendre par la voix du secrétaire général de la Cééac, Allami Ahmat, que le sommet de N’Djamena est l’occasion d’« interpeller » les autorités centrafricaines actuelles de manière à ce qu’elles puissent « mieux faire au lieu de perdre leur temps à se quereller, à s’insulter sur la place publique ».

On sait que le sommet a été convoqué à cause de la détérioration de la situation sécuritaire en Centrafrique. Si à la veille de la rencontre des chefs d’État et de gouvernement, l’on insistait sur le fait que la rencontre n’avait pas pour but « de changer un régime, ni de changer la transition », mais plutôt « de prendre des dispositions pour restaurer la paix et la sécurité en Centrafrique », le peuple centrafricain souhaite quant à lui, que toutes les options recherchées soient appliquées de telle sorte que le pays retrouve sa tranquillité d’antan. Mais qui peut prédire qu’il en sera ainsi étant donné que ces ambitions maintes fois nourries à l’issue des sommets précédents de la Cééac, n’ont pas apporté grand-chose en terme de normalisation de la situation dans ce pays. En octobre dernier à N’Djamena par exemple, l’organisation régionale avait décidé de renforcer les effectifs de la Misca dans l’espoir de sécuriser la population et de ramener la paix, mais en vain. Le 11 janvier 2013, un accord avait été signé à Libreville (Gabon) entre le régime de François Bozizé et les rebelles, alors dirigés par Michel Djotodia. Ce texte prévoyait un cessez-le-feu entre Bangui et la rébellion Séléka ainsi que le maintien au pouvoir du président François Bozizé. Fort malheureusement, cet accord n’avait pas été respecté puisque la Séléka en profita pour lancer une nouvelle offensive, débouchant sur la chute du régime en place.

Pour de nombreuses voix qui se sont élevées depuis que la situation s’est davantage détériorée en Centrafrique, le départ du pouvoir de Michel Djotodia, l’actuel président, restait la seule issue de sortie de crise sur place. La France qui ne veut plus engager d’autres troupes dans le pays et réclame plus de soldats pour la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) a pratiquement chéri cette même voie puisqu’elle a annoncé plus tôt que d’importantes « décisions » allaient être prises pour l’avenir de Michel Djotodia au cours du sommet de N’Djamena.

La Centrafrique, il est vrai est un pays souverain, mais la Cééac peut, pour l’intérêt de cette nation et de son peuple meurtri, prendre des décisions allant à l’encontre du régime en place. Le secrétaire général de l’organisation, Allami Ahmat, qui sait qu’il peut en être ainsi, a exprimé cette possibilité de manière nuancée avant le sommet. « On veut nous accuser, dire que la Cééac est faiseur de roi ou je ne sais quoi, que le Tchad ou d’autres sont faiseurs de roi en Centrafrique. Non ! La Cééac facilite la tâche, mais il peut arriver que la Cééac soit excédée, qu’elle ne continue pas à soutenir la transition. Cela peut arriver. Mais cela ne veut pas dire qu’elle peut la remplacer comme elle le veut. La Centrafrique n’est pas sous tutelle de la Cééac », a-t-il souligné. Allami Ahmat a évoqué une telle option pour la simple raison que la Cééac veut impérativement remédier à la situation d’instabilité qui n’a que trop perduré en RCA. « On assiste à une situation déplorable en Centrafrique, d’un côté les autorités de la transition qui font montre d’une certaine incapacité, voire impuissance, à résoudre le problème, de l’autre une société civile et une classe politique qui s’évertuent à jeter de l’huile sur le feu », a-t-il relevé.

La clarification des accords politiques précédents interdisant à tous ceux qui gèrent la transition d’être candidats aux futures élections et le refus des dirigeants des partis politiques de participer à la transition en cours, sont au nombre des points sur lesquels les chefs d’État et de gouvernement appuient leurs thèses pour résoudre la crise centrafricaine. Pour l’heure, l’UA et la France estiment que la force africaine est bien disposée à redonner espoir à la Centrafrique en matière de sécurité. « La Misca monte en régime et passera bientôt à 6.000 hommes (...) Elle joue déjà son rôle sur le terrain. Donc, il n’y aura pas de renforts en Centrafrique. Nous maintiendrons notre contingent de 1.600 hommes. On appréciera la situation au début février (...) La Misca devra être absolument opérationnelle dans ces délais-là », a déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a lui aussi écarté tout renforcement du dispositif français.

Nestor N'Gampoula