Burundi : l’ONU exhorte la CPI à enquêter sur les crimes contre l’humanité

Jeudi 7 Septembre 2017 - 18:20

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Dans un rapport publié mardi, la commission indépendante d'enquête de l'ONU sur les crimes commis au Burundi a exhorté la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter de toute urgence sur les crimes contre l'humanité et autres atrocités.

Le président de la commission d'enquête de l'ONU parle d'une attaque « généralisée ou systématique » contre la population civile. Fatsah Ouguergouz va jusqu'à blâmer « une politique de l’Etat burundais ».

La publication de ce rapport a satisfait l’opposition. Pancrace Cimpaye, porte-parole de la plateforme d'opposition en exil, le Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi et de l’Etat de droit (Cnared), s'est dit satisfait que la chaîne de décision soit clairement exposée.

« La nouveauté est d'oser dire publiquement les choses dans un rapport », s’est-t-il félicité. Les faits avérés indiquent clairement que Pierre Nkurunziza est le premier responsable de ce bain de sang. Non seulement il a forcé un troisième mandat illégal et impose à tout le peuple burundais de l'accepter dans le sang. Il est le premier responsable. Deuxièmement, la garde présidentielle de Nkurunziza, la milice des Imbonerakure qu'il contrôle, les services de renseignements logés dans ses bureaux, voilà les entités qui sèment la désolation et la mort au Burundi ».

Parlant des attaques « généralisées » contre la population, il a ajouté que, « C’est tout à fait normal que le premier responsable Nkurunziza soit épinglé, poursuit Pancrace Cimpaye. Et avec lui sa galaxie, les gens qui gravitent autour de lui, les généraux impliqués qui sont répétés depuis bientôt trois ans dans tous les rapports, et ils n’avaient jamais été inquiétés. Ce rapport met le doigt sur les véritables responsables, parce que la milice Imbonerakure est devenue plus forte que l’armée, la police et le Parlement. C’est donc tout à fait normal que ces milices soient dans ce rapport les véritables responsables du drame qui secoue le Burundi, qu'ils soient enfin nommés officiellement ».

Comme le stipule son mandat, la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU se doit d’« identifier les auteurs présumés, en vue de faire pleinement respecter le principe de responsabilité ».

 

Le rapatriement de réfugiés en provenance de Tanzanie a démarré ce jeudi 7 septembre

Au total, 300 Burundais vont être rapatriés dans un convoi du HCR. C'est le premier convoi en provenance des camps de réfugiés tanzaniens. Tous sont volontaires pour ce retour. Un retour pour lequel le HCR avait d’abord émis des réserves.

En effet, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés était réticent à l’idée de rapatrier ces Burundais. Il estimait que les conditions pour leur retour n’étaient pas encore réunies, malgré quelque 12 000 volontaires déjà inscrits sur les listes. Les deux pays et le HCR se sont finalement retrouvés dans une réunion qui a abouti, il y a une semaine, à la signature d'une convention tripartite sur un rapatriement volontaire de tous ceux qui en avaient exprimé la volonté dans les trois camps de réfugiés.

Ces réfugiés seront accueillis dans le centre de transit de Ruyigi, à l'extrême Est du Burundi. Puis une centaine parmi elles, toutes originaires de l'ouest du pays, vont poursuivre leur route jusqu'au centre de transit de Kajaga, non loin de la capitale Bujumbura. Toutes ces personnes doivent passer 48 heures dans ces centres avant d'être acheminées sur leurs collines d'origine avec des vivres pour trois mois.

Les rapatriements devraient se poursuivre jusqu'à ce que tous les volontaires rentrent au bercail d'ici décembre, comme convenu. En parallèle, plus de 240 000 autres réfugiés burundais de Tanzanie ne sont pas candidats au retour à ce jour et ils n'avaient pas caché leur crainte d'être refoulés par les autorités de ce pays. La Tanzanie s'est engagée de son côté à ne pas les renvoyer de force.

 

 

Yvette Reine Nzaba

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