Concertations nationales : l’opposition fait monter les enchères

Samedi 13 Juillet 2013 - 14:45

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Elle milite pour une médiation étrangère au moment où le pays est appelé à puiser dans l’ingéniosité de son peuple pour ériger un front commun contre la menace de la balkanisation.

Le conclave de l’opposition tenu dernièrement à Limete continue à faire jaser dans le microcosme politique congolais. A lire les résolutions ayant découlé de ces cogitations, de nombreux compatriotes s’interrogent déjà sur les vrais mobiles ayant motivé cette rencontre qui tend à remettre en cause les acquis institutionnels issus des élections de 2011. S’il est vrai que le décret présidentiel convoquant lesdites concertations demeure encore sujet à caution eu égard aux faiblesses qui la caractérisent, il est tout aussi évident que les assises de Limete ne concernent qu’une frange de l’opposition. Déjà partie émiettée avec des sons discordants qui fusent quant à sa perception par rapport à l’enjeu qui se dessine, l’opposition tend à compromettre, déjà à son niveau, le processus de cohésion nationale. L’UDPS et le MLC qui en incarnent l‘âme, du moins lorsqu’on s’en tient à leur électorat, ont fait volte-face n’émettant pas aux mêmes antipodes que le reste du groupe. Ceux qui ont effectué le déplacement de Limete ont été taxés de « menus fretins » par leurs pairs restés en dehors du cadre et qui se prévalent encore du statut controversé de « grands partis de l’opposition ».

Qu’à cela ne tienne. Les préalables posés par les participants au forum de Limete invitent à l’analyse. Le fait de dénier à Joseph Kabila le droit de convoquer ces assises pose problème lorsqu’on sait que ce dernier a usé là de ses prérogatives constitutionnelles en tant que garant de la Nation. En outre, c’est au travers de sa signature apposée au bas de la résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations Unies et de l’accord cadre d’Addis-Abeba que ces deux instruments internationaux ont aujourd’hui une valeur contraignante pour la RDC. Que l’opposition ignore la portée de cette signature qui engage le pays sur la voie des concertations nationales parait incompréhensible tout autant que son refus de voir l’ombre de Joseph Kabila planer sur cette grande messe nationale. Le plus navrant, c’est que la plupart des contestataires avaient souscrit à la démarche lors des consultations préliminaires initiées par Joseph Kabila avant de se rétracter après la publication de l’ordonnance y afférent.

Par ailleurs, l’obsession que fait l’opposition sur la médiation étrangère fait tout aussi jaser. « La facilitation étrangère qu’exige cette opposition pour la conduite des débats n’est-elle pas en contradiction avec sa sempiternelle rhétorique fustigeant, à tout vent, les ingérences extérieures dans les affaires congolo-congolaises ! », s’interroge un analyste qui ne s’explique pas qu’en 53 ans d’existence en tant Etat indépendant, le Congo ne soit toujours pas en mesure de résoudre en interne ses propres contradictions. Une médiation étrangère au moment où le pays est appelé à puiser dans l’ingéniosité de son peuple pour ériger un front commun contre la menace de la balkanisation, cela dépasse tout entendement.   En prônant par ailleurs, un dialogue politique chargé notamment de débattre de tous les problèmes sociaux, des violations massives des droits de l’homme et de la formation d’une armée nationale, d’aucuns craignent qu’on ne vire à un remake du genre dialogue intercongolais.

Pas de nouvelle transition

« L’opposition ne participera pas aux concertations nationales autant que celles-ci n’intégreront pas les questions fondamentales de la légitimité des institutions issues des élections du 28 novembre 2011, du bien-être social, de la gouvernance au service du développement, du rétablissement de la paix et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national ». Tel est le crédo des participants aux assises de Limete. Une manière sans doute substile de ramener le compteur à zéro pour qu’au finish, l’on puisse procéder à une redistribution des cartes. Quand bien même les résolutions du conclave se soient prononcées « contre l’idée d’une transition ou d’un gouvernement d’union nationale dont l’objectif est de prolonger le mandat des institutions en place », il n’en demeure pas moins vrai que les appétits, au sein de la plate-forme, ne se sont pas totalement estompés. Sentant le danger, la Majorité présidentielle avait déjà prévenu : « il ne sera pas question de remettre en cause les institutions en place ». Déjà en plein dans la deuxième législature de la troisième République, le pays risquerait, du fait d’une nouvelle transition, de faire une marche en arrière, se convainc-t-on dans certains milieux.

A tout prendre, l’opposition fait là monter les enchères en faisant un vil chantage au Chef de l’Etat et à sa majorité. Pour maints observateurs, elle devra se départir de son extrémisme outré pour donner une chance aux congolais de discuter, via ces concertations nationales, des bases nouvelles à établir en vue de construire un nouveau Congo.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Les membres du présidium du Conclave de l'opposition