Entreprises étatiques : les vols systématiques de salaires dénoncés

Mardi 5 Mars 2019 - 18:24

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La justice sociale devrait être la priorité du programme d’urgence de cent jours du chef de l’État, selon l'Institut de recherche en droits humains (IRDH).

L'IRDH a analysé le programme d’urgence pour les cent premiers jours du président de la République, en rapport avec l’endémie du vol systématique des salaires, la corruption et l’impunité des présumés auteurs. Pour assurer un suivi régulier de sa démarche, il a créé la Coalition pour les droits sociaux et services publics, exhortant le chef de l’État de mettre à la disposition de la Justice plus de moyens logistiques et humains, afin de combattre le fléau de vol organisé des salaires, entretenu par des dirigeants des entreprises publiques et les hauts cadres de l’administration publique. « Ce drame est plus dangereux que le virus Ebola et tue plus de gens que le sida », a-t-il fait observer.

Lors de se réunion tenue le 4 mars à son siège à Lubumbashi, l'IRDH a estimé que parmi les actions sectorielles, la rubrique réservée à la Justice, qui se manifeste par la lutte contre la corruption, devrait être mise en exergue et chiffrée conséquemment, dans « le programme d’urgence pour les cent premiers jours du chef de l’État ». Ce fléau, a-t-il affirmé, était au centre du malaise social tel que souligné par des centaines d’organisations de la société civile, des bénéficiaires des services publics, ainsi que des travailleurs, agents et fonctionnaires de l’Etat, pourvoyeurs de ces services.

Saisir la gravité du problème

« La politique consistant à violer systématiquement des droits économiques et sociaux des travailleurs, agents et fonctionnaires de l’Etat est solidement assise sur deux piliers en béton que sont  la corruption et l’impunité », a indiqué l'association. Des hauts cadres, à l’instar des présidents des conseils d’administration, administrateurs-directeurs généraux et directeurs généraux, abusent régulièrement de la chaîne de commandement, en ordonnant des soustractions frauduleuses des sommes d’argent destinées à la paie des salaires, a soutenu l'IRDH. Il a rappelé que ces pratiques illicites auraient de l’ampleur inquiétante à la Société nationale des chemins des fers du Congo, « où même des cas de pensionnés ayant obtenu des décisions judiciaires irrévocables exigeant à l’entreprise de leur octroyer des droits et indemnités sont superbement ignorées ».

Aussi déplore-t-il que le président du conseil d'administration et l'administrateur-directeur général de la Gécamines contraignent à la disette leurs propres agents. Il en est de même de ceux de la Société générale de télécommunication (Sogetel) dont la Gécamines est actionnaire unique et principale consommatrice des services de télécommunication. « La créance viagère des agents Sogetel reconnue par l’administration de la Gécamines est ignorée par les deux dirigeants », a-t-il souligné, notant que l’l'administrateur-directeur général de la Société de développement industriel et minier du Congo était aussi accusé de dilapider des revenus des « partenariats », au détriment des salaires du personnel de l’entreprise. Et qu’à la Société congolaise des postes et télécommunications (ex-OCPT), en dépit de l’interdiction de nomination et mise en place des agents en cette période transitoire, le directeur général déstabiliserait, à partir de Kinshasa, la direction provinciale afin de se rassurer l’accès aux finances locales.

Pour l’IRDH, toutes ces pratiques illégales persisteraient, d’une part, à cause de l’impunité administrative que ces dirigeants d’entreprises garantissent à leurs complices internes, de l’autre, à cause des cours et tribunaux et les parquets qui y sont rattachés qui assureraient l’impunité judiciaire des dirigeants. « Les parquets et autres services habilités n’enquêtent pas sur des dénonciations d’abus des droits économiques et sociaux », affirme l'IRDH.

En plus de l’exhortation faite au président de la République, l'association attend du procureur général de la République d’initier des enquêtes sur des cas de vol des fonds devant servir à payer des salaires, et traduire les présumés auteurs devant des juges compétents. 

Lucien Dianzenza

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