Médecine pour tous. L’asthénieJeudi 28 Mars 2019 - 11:45 L’asthénie est un symptôme courant de nombreuses maladies. Son diagnostic est essentiellement fondé sur l’interrogatoire, l’examen clinique et les bilans biologiques. Le patient participe à ce diagnostic en répondant aux différentes questions que lui pose son médecin. Comment définir l’asthénie ? L’asthénie est une sensation globale d’épuisement éprouvée en dehors de tout exercice physique ou autre effort quelconque. Elle se distingue par conséquent de la fatigue qui, elle, apparaît après un effort physique et disparaît après récupération. Les axes d’orientation diagnostique L’orientation diagnostique s’appuie principalement sur l’interrogatoire et l’examen clinique du patient. Ces deux stratégies permettront de distinguer les situations suivantes : A) asthénie avec altération de l’état général et syndrome inflammatoire : on fera des examens de sang courants, une radiographie thoracique, un scanner abdomino-pelvien. Selon l’éclairage obtenu, des examens complexes mais orientés suivront ; B) asthénie avec altération de l’état général sans syndrome inflammatoire : on pensera avant tout à explorer une asthénie de type métabolique (diabète de type 1, hyperthyroïdie, insuffisance surrénalienne, etc.) ; C) Asthénie sans altération de l’état général et sans syndrome inflammatoire : les investigations seront orientées vers la recherche d’une dépression, d’une névrose, d’un surmenage, d’accès d’apnée du sommeil, etc. Les principales formes de l’asthénie On retiendra les formes ci-après. A) Asthénie de la dépression. Dans certains cas, elle est vite identifiée en raison de l’association des symptômes matinaux suivants : angoisse, douleur morale, perte d’intérêt et de plaisir, tristesse, idée de suicide. Dans d’autres cas, des atypies compliquent la démarche diagnostique : dépression larvée, somatisations surprenantes à type de troubles digestifs, d’algies diffuses, etc., à forte connotation socioculturelle. B) Asthénie de surmenage. Elle comporte l’association d’une asthénie du matin et d’une asthénie de fin de journée et se caractérise par l’irritabilité, la baisse de la rentabilité professionnelle ou des troubles divers générés notamment par un déséquilibre familial (divorce). C) Asthénie liée à un trouble de sommeil. Il s’agit souvent d’hypersomnie idiopathique ou de syndrome d’apnée du sommeil. D) syndrome de fatigue chronique. La fatigue, sans cause retrouvée, dure depuis plus de six mois et s’accompagne de douleurs diffuses, de céphalées, de troubles de sommeil et de la mémoire. E) Asthénie de type organique. Dans ce cas, il y a en général une altération fébrile ou non de l’état général, un amaigrissement, une anorexie, etc. Parmi les causes organiques de l’asthénie, on retiendra : a) les affections avec syndrome inflammatoire : infections (tuberculose, sida, hépatites virales, maladies tropicales, etc.), maladies auto-immunes (lupus, amylose, dermatomyosites, etc.) ; b) les cancers (du sang, du rein, des poumons, du pancréas, de la prostate, etc.) ; c) la tuberculose ; d) les maladies endocriniennes : insuffisance surrénalienne, hyperthyroïdie, diabète de type1, etc. e) l’asthénie des maladies musculaires (myasthénie, polymyosite, myopathies diverses). Traitement contre l’asthénie a) Le meilleur traitement est celui de la cause et des troubles qu’elle entraîne : correction d’un déficit vitaminique, martial (fer), métabolique, énergétique ou hormonal associée à un traitement anti-infectieux ou anticancéreux, par exemple. b) La découverte d’une dépression chez un asthénique conduira à un traitement par les antidépresseurs. c) L’asthénie purement fonctionnelle requiert au plus des anti-asthéniques. Dans ce cas cependant, la survenue d’un symptôme nouveau doit amener à procéder à de nouvelles investigations. Conclusion. L’asthénie est le moins spécifique des symptômes cliniques, aussi son mécanisme demeure-t-il mal élucidé. Parfois purement fonctionnelle, elle annonce souvent des maladies graves, organiques ou psychiatriques. On retiendra notamment la corrélation caractéristique entre l’asthénie et la dépression. La prise en charge de l’asthénie est du domaine de tous les médecins. Toutefois, les formes prolongées et sans support organique doivent relever de la compétence du psychiatre.
Christophe Bouramoué, professeur émérite, nbouramoue@yahoo.fr Notification:Non |