Le vrai débat

Nos lecteurs peuvent le constater en lisant chaque jour ce quotidien : le débat sur la révision de la Constitution prend une double dimension au fur et à mesure que le temps passe. D’une part, il ne se limite pas, comme on pouvait le craindre initialement, à la simple question du nombre de mandats qu’un président démocratiquement élu peut accomplir ; d’autre part, il gagne progressivement un terrain neuf qui est celui de l’adaptation du schéma institutionnel hérité de l’Occident aux réalités et aux traditions africaines.

Passons rapidement sur le premier aspect qui relève plus de la controverse politicienne que du débat démocratique et que le peuple congolais se chargera lui-même de traiter si, comme on peut le penser, il est appelé à se prononcer par référendum. Arrêtons-nous quelques instants, en revanche, sur le deuxième aspect qui, lui, est fondamental puisqu’il doit nous amener à protéger ce que trop de nations de par le monde ont négligé, à savoir les legs de l’histoire.

Ce ne sont évidemment pas les simples observateurs que nous sommes qui peuvent dire comment ce pas en avant institutionnel devrait être accompli dans notre pays. Mais il est de notre ressort d’inciter les spécialistes du droit constitutionnel, les responsables politiques, les experts internationaux à se pencher sans plus attendre sur le problème afin de proposer des solutions qui répondent aux attentes de la société. Des idées qu’ils formuleront pourrait naître, en effet, un puissant mouvement qui, de proche en proche, finira par toucher tous les pays du continent.

Il paraît évident, lorsque l’on considère l’évolution actuelle de l’Afrique, que celle-ci ne doit pas s’affirmer sur la scène internationale grâce uniquement à sa vitalité humaine et à la rapidité de sa croissance économique. Prendre une part active à l’adaptation des institutions et de la gouvernance aux réalités du monde moderne tout en les adaptant aux structures et aux principes hérités du passé est certainement un enjeu décisif pour les peuples émergents comme le nôtre.

Voyons donc si le Congo et les Congolais seront capables de prendre une part active au grand mouvement qui s’esquisse sous nos yeux.