France : Jacques Chirac « l’Africain » s’est éteintJeudi 26 Septembre 2019 - 14:30 L’ancien président de la République française a rendu l’âme, le 26 septembre, à l’âge de 86 ans. Retour sur le parcours d’un homme qui a consacré plus de quarante ans de sa vie à la politique. « Le président Jacques Chirac s’est éteint ce matin au milieu des siens. Paisiblement », a déclaré à l’AFP, Frédéric Salat-Baroux, époux de Claude Chirac. À l’annonce de ce décès, l’Assemblée nationale et le Sénat français ont aussitôt observé une minute de silence. Malade, souffrant de troubles de la mémoire, hospitalisé à de nombreuses reprises, Jacques Chirac gardait dans l’opinion publique – dans l’Hexagone comme en Afrique – l’image d’un chef d’État populaire qui savait rester proche des gens. Sa carrière politique, de la mairie de Paris au Rassemblement pour la République en passant par Matignon et l’Elysée, a su marquer les esprits. Avec plus de quarante années en politique, dont douze au sommet de l’Etat, Jacques Chirac laisse derrière lui le souvenir d’une relation particulièrement riche avec l’Afrique. Présent dans les arcanes du pouvoir, l’homme a tout connu, y compris les réseaux françafricains hérités de Jacques Foccart. « Il a assumé d'une manière absolument sincère ce que l'on appelait la Françafrique, avec les rumeurs de coups tordus, de coups d'Etat orchestrés depuis l'Elysée, l'affaire des mallettes d'argent qui circulaient entre les palais africains et l'Elysée », explique l'historien et journaliste Francis Laloupo. Proche d’Omar Bongo, d'Eyadema Gnassingbé ou encore de Denis Sassou N'Guesso, Jacques Chirac a rendu plus vivantes les relations entre la France et l’Afrique, échappant aux accusations de financement frauduleux de ses campagnes politiques ou d’implication dans des ventes frauduleuses d’armes à l’Angola. Quand la stabilité du continent ou les intérêts des entreprises françaises étaient menacés, les grands principes démocratiques passaient alors au second plan. « L'Africain » ! Aucun de ses prédécesseurs n'a eu droit à un tel surnom. Pendant sa présidence, Jacques Chirac a visité près de quarante pays sur le continent. Il aura tissé des liens très étroits avec l'Afrique, dont il se disait l'un des plus fervents avocats. Lutte contre le paludisme et le sida, annulation de la dette..., la France de Jacques Chirac plaidait en faveur de ses anciennes colonies devant le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale. Elle bénéficiait en retour de leur soutien diplomatique. Dans l'ombre, Jacques Chirac s'entoure de Jacques Foccart, conseiller aux affaires africaines du Général de Gaulle. Il enverra aussi l'armée française sauver des régimes « amis » en Centrafrique en 1996 ou au Tchad en 2006. Mais en pleine guerre civile ivoirienne, la médiation française est un échec en 2003. Quand Jacques Chirac fait ses adieux aux Africains en 2007, sa vision fait long feu. L'influence de Paris s'effrite. Les relations entre la France et le continent entrent dans une nouvelle ère. « Le bulldozer » Jacques Chirac est né le 29 novembre 1932 dans le cinquième arrondissement de Paris, de parents corréziens. Enfant unique après le décès de sa sœur, le jeune Chirac fait d’abord ses études en Corrèze, puis à Paris, notamment au lycée Louis-le-Grand où il obtient son baccalauréat en 1950. Il y fait sa première année de classe préparatoire et intègre Sciences Po Paris en septembre 1951. Il milite alors dans la mouvance du Parti communiste et vend le quotidien "L’Humanité". Il a signé, en 1950, l’appel de Stockholm, d’inspiration communiste, contre l’armement nucléaire. Ambitieux, combatif, pugnace, truculent, Jacques Chirac, souvent décrit comme « un animal politique », était un homme de terrain, proche des gens. Selon un sondage publié en septembre 2016, 83 % des Français disaient garder « un bon souvenir de ses mandats ». Le 8 mai 1967, il entre dans le gouvernement de Georges Pompidou, qui le surnomme « le bulldozer » en raison de son activisme. Il est nommé secrétaire d’Etat à l’Emploi auprès du ministre des Affaires sociales, Jean- Jacques Chirac, affaibli par un accident vasculaire cérébral survenu le 2 septembre 2005, est politiquement fragilisé. A la contestation du contrat première embauche par les lycéens et les étudiants, soutenus par les syndicats de salariés, s’ajoute le scandale de l’affaire Clearstream 2 qui touche Dominique de Villepin. Le 11 mars 2007, Jacques Chirac annonce qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat. Après son départ, malgré un bilan économique et social mitigé, Jacques Chirac devient la personnalité politique préférée des Français. Mais les affaires le rattrapent. En 2009, il est mis en examen dans le second volet des emplois fictifs de la mairie de Paris. Diminué par son attaque cérébrale, ses avocats indiquent, en septembre 2011, qu’il n’est pas en capacité d’assister à son procès. Le 15 décembre, il est condamné par la justice. C’est une première dans l’histoire de la République. Malgré cette condamnation, qui ternit l’image du président, la carrière politique de Jacques Chirac restera comme l’une des plus exceptionnelles de la Ve République. Après son départ de l’Elysée, il se consacre à la fondation qui porte son nom, lancée en juin 2008 au musée du quai Branly. Josiane Mambou Loukoula Légendes et crédits photo :Jacques Chirac lors de la réception du président Denis Sassou N'Guesso à l'Elysée en 2006 (L. Blevennec © Service photographique de la Présidence de la République ) Notification:Non |