Fulbert Youlou : « Une dot pour démarrer dans la vie »Dimanche 16 Août 2020 - 14:23 La République du Congo proclame le 15 août 1960 par la voix de l’abbé Fulbert Youlou son indépendance. Le premier président de la République du Congo fera ce jour là, dans son discours, quelques références et comparaisons à la dot, tradition liée à ce qui était auparavant le Royaume Loango, le Kongo et le Royaume Tio. Fulbert Youlou fut sans doute l’un des personnages les plus controversés du Congo-Brazzaville, pourtant, à ses débuts, celui qu’on appelait l’« abbé » était apparu à ses concitoyens comme une sorte d’homme providentiel. C’est lui qui, en août 1960, avait conduit le Congo à l’indépendance mais hélas, plus tard, la prospérité économique n’était toujours pas au rendez-vous.. Sa décision d’imposer en août 1963 le monopartisme fut l’élément déclencheur de la révolution des « Trois Glorieuses ». La France refusa d'aider ce chef d’État africain que l’on disait méprisé par le général de Gaulle, ce qui conduira l’ancien prêtre à quitter le pouvoir. Sans doute n’aura t-il pas su faire bon usage de cette dot reçue et dont il se faisait écho lors du discours du 15 août 1960 et dont voici quelques extraits : « Nous vivons un jour faste en ce 15 août 1960 et nous atteignons aujourd’hui notre majorité. Nous sommes comme le jeune homme qui est devenu adulte ; il acquiert la liberté de se diriger seul, comme il l’entend, comme il le désire, il reçoit de ses parents une dot pour l’aider à démarrer dans la vie et dont il dépendra de lui qu’il l’utilise sagement, la fasse fructifier ou la dissipe. Notre dot à nous, mes amis, c’est d’abord le fruit de plus de 75 ans d’amitié et de vie en commun avec la France. Ce sont les grands travaux qu’elle a édifiés sur notre sol, c’est la connaissance de la langue française que vous avez et qui vous permet de vous faire comprendre dans le monde ; c’est une façon commune et identique de peser les valeurs humaines, de respecter le travail et le bien d’autrui, de vous aimer les uns les autres. Le général de Gaulle a su apporter à l’Afrique la liberté, l’indépendance, dans l’amitié, la fraternité et l’union. Voilà, Messieurs, ce qu’est le Congo, ce qu’il doit être : une synthèse harmonieuse de deux civilisations. Voilà la dot que notre peuple a reçue en partage au moment où s’ouvre pour lui une carrière nouvelle. Sachons converser et faire fructifier cette dot que nous avons trouvée dans notre berceau. C’est un capital inestimable, ne le gaspillons pas. Notre indépendance est proclamée, ce qui signifie notamment que nous allons avoir notre propre armée, et notre propre diplomatie, nous avons voulu affirmer notre attachement à la Communauté rénovée pour que la France continue à nous apporter son aide technique et matérielle et pour que nous harmonisions les grandes lignes de nos politiques au sein d’un grand ensemble d’expression de culture et de sentiments communs. J’ai expliqué que notre liberté c’est d’abord la pleine prise de conscience de nous-mêmes et de notre volonté de travailler pour la postérité de notre Congo. C’est ensuite notre ferme décision de maintenir dans ce pays l’ordre, la paix, l’union.
Vive le général de Gaulle ! Vive l’indépendance ! Vive le Congo !
Philippe Edouard Légendes et crédits photo :Le président Fulbert Youlou et le Général de Gaulle Notification:Non |