Les immortelles chansons d’Afrique : « Zela ngai na sala » de Sam MangwanaJeudi 5 Mai 2022 - 18:33 Auteur, compositeur et chanteur de talent, Sam Mangwana a brillé au firmament de la musique congolaise. Avec sa chanson « Zela ngai na sala », il est plébiscité meilleur auteur-compositeur de l’année 1968. C’est au sein de l’ensemble musical Festival des maquisards et avec le soutien de Denis Ilosono, mécène de ce groupe, que le titre « Zela ngai na sala » sort en format 33 tours sous l’étiquette Fête Nègre dont la référence est FN 13001. Il fit sensation auprès du public des deux rives du fleuve Congo. Par l’expression « Zela ngai na sala », on peut comprendre « Attends que je travaille ». Dans cette complainte, l’auteur s’adresse d’abord à sa femme Zuani qui l’a délaissé, ensuite à son entourage. A sa bien aimée, il dira : « Zela ngai na sala mama, na luka pe falanga ngai mwana Mangwana », qui peut se comprendre en français: « Attends que je travaille, que je cherche les sous, moi fils de Mangwana ». A son entourage, au regard de la déception qu’il a connue, il va déclarer : « Bo tika ngai na landa la vie ya Brekete », autrement dit : « Laissez-moi vivre la vie de Brekete ». En effet, « Brekete » fut un fou. Aussi l’artiste veut-il vivre comme lui, mener une vie sans soucis, dans laquelle il ne se rendra pas compte de la mort si elle venait à le prendre. Il va ensuite justifier ce choix affirmant : « Zuani aboyi ngai po batongeli ye ndako na Vincent moto ya mbongo ngai ko malole na sala boni », pouvant être compris: « Zuani m’a quitté parce qu’on lui a construit une maison par un certain Vincent, un homme vivant dans l’opulence. Étant pauvre que puis-je faire ? » Il prendra, néanmoins, une bonne résolution, en dernière instance, en refusant de consulter un féticheur pour devenir riche au risque de finir comme « 55 », un fou dont la verve oratoire en langue française étonnait les habitants de Kinshasa. Cet aliéné se baladait, la plupart du temps, torse nu. Ici, la tumba de Depuissant, la guitare basse de Johnny Bokossa ponctuent le rythme de cette merveilleuse mélopée qui est chantée en homophonie par Sam Mangwana. La complicité entre la guitare rythmique de Michelino et la guitare solo de Guvano y apporte des sonorités incitant à la danse. De son vrai nom Samuel Mangwana, Sam Mangwana est né le 2 février 1945. Son nom a commencé à se faire remarquer dans l’orchestre Vox Africa et dans Africa fiesta national. En séjour à Brazzaville, il joue avec Los Patchichas et l’orchestre Tembo. En 1968, avec Guvano, il fonde Le Festival des maquisards. En 1972, il intègre l’Ok Jazz où il passera trois ans. En 1975, il est reconnu comme chanteur exceptionnel et à part entière. En1976, il entre dans Afrisa et s’envolera quelque temps après pour une carrière internationale dans plusieurs pays d’Afrique. A Abidjan, il créera l’African All Stars. Avec ce groupe, une autre version de « Zela ngai na sala » verra le jour. Frédéric Mafina Légendes et crédits photo :La pochette de l'album Notification:Non |