Portrait : Roneld Gatien Bitsangou, distinction danse

« Quand je serai grand, je serai... ». Parfois on le devient, souvent on le jette aux oubliettes. Pour Gatien, c’est toute une quête qui ne trouvera son achèvement que dans son accomplissement.

Ainsi “ Roneld “, le petit Ronaldinho, surnom gagné à l’habileté de ses jambes, voit en Michaël Jackson le modèle à suivre pour laisser sa propre trace sur la Terre des Hommes. La danse est pour lui une passion, à 5 ans déjà, la grosse dépense de son temps et de son énergie d’enfant qui fait pâlir l’institution scolaire à côté. Pourtant, c’est bien l’école qui lui offre l’occasion de se distinguer dans un concours organisé lors de festivités scolaires. Il reçoit la récompense d’être ni plus ni moins le “ meilleur danseur de l’école “. 

Il voit dans cette récompense la confirmation et la reconnaissance de son talent, qu’il se met à travailler de façon intentionnelle. Il intègre ainsi les uns et les autres premiers groupes à portée de sa vision sans trouver encore la fibre passionnelle, professionnelle et l’abnégation qu’il recherche par rapport à sa quête. 

Après quelques errances, il se trouvera dans la Compagnie Lisanga, “ l’école “ dans laquelle il considère avoir fait ses classes. La formation durera huit ans. Son art: la danse contemporaine. pourquoi ce choix ? Foncièrement il ne le sait pas encore à ce moment-là.

Pourtant, c’est ce style de danse précisément qui s’impose à lui au fil de sa quête artistique, identitaire, désormais et nécessairement solitaire, au Cercle culturel Sony-Labou -Tansi de Bacongo. Il y découvre le ressenti et l’interprétation de divers états d’esprit, des facettes de lui-même, se plonge à corps perdu dans son propre univers intérieur. L’initiation est faite, Gatien se découvre dans le mouvement, dans ses amplitudes et dans la dynamique des énergies qui le traversent.

C’est ainsi qu’il est repéré par Delavallet Bidiefono, artiste chorégraphe et danseur, coordonnateur de la compagnie de danse Baninga qui a donné son nom à l’espace Baning’Art de Kombé. 

Coaché par ce dernier, dans une compagnie qu’il considère comme former les guerriers de la danse à Brazzaville, Gatien entre dans une nouvelle dimension de son art qu’il a préféré aux études supérieures depuis l’obtention de son baccalauréat en électricité et bâtiment.

Pendant environ quatre ans, Gatien performe sa technique, construit sa démarche et désormais initie des projets de création. 

En 2017, encouragé par le succès de l’atelier « Dance is my life » organisé à l’espace Baning’Art, il crée alors la compagnie Koubama pour transmettre l’amour de sa passion, de son art, à des jeunes comme lui, piqués par la danse qui représente toute sa vie, ses luttes et son meilleur. Le fleuve Congo en ses rapides l’assiste dans ses répétitions à n’en plus compter les heures, saisi au spirituel pour sublimer le naturel.

En 2023, ce cheminement intérieur par la danse contemporaine élève Gatien par le sacre d’une représentation tout ce qu’il y a de plus sophistiqué: le Bolero de Ravel, une représentation proposée par l’Institut français du Congo au cours de laquelle Roneld, chorégraphe du spectacle, est hissé en personnage principal sur un écrin, un piédestal, et présenté au public comme un fruit porté à maturité. Gatien révèle ainsi le meilleur de son parcours, entouré de cinq jeunes danseurs, dans les coulisses d’une vie d’artiste, avec passion-douleur et passion-joie accomplie. 

Porté au sommet par la force de sa détermination, Roneld élargit désormais l’espace de sa tente en présentant au Bénin, en ce mois de novembre, la création Tonga, qui aura déjà enchanté les scènes Brazzaville.