Insalubrité à Brazzaville : la devanture du lycée Thomas Sankara transformée en décharge publiqueSamedi 14 Juin 2014 - 14:00 L’action vient des riverains qui, de nuit comme de jour, inondent en ordures ménagères les abords de ce lycée situé dans la partie nord de Brazzaville. Des actes qui, ajoutant au phénomène d’érosion, menacent sérieusement cette route, l’une des principales pour sortir de la ville ou y entrer Le fait frappant et contrastant, c’est le panneau sur lequel on peut lire : « Interdiction formelle de jeter les ordures contre le mur » Pour les riverains, c’est plutôt une invite à poser l’acte contraire car aucune mesure n’est prise pour arrêter les inciviques. Rosine, agent des douanes congolaises : « La faute revient aux pouvoirs publics qui n’ont rien prévu pour permettre aux populations d’évacuer leurs ordures ménagères. Je suis contrainte de payer un jeune désœuvré pour s’occuper de ma poubelle avec des consignes fermes de la déverser dans le grand ravin à côté. Les autres agissent autrement. » Craignant la clameur publique, suite aux dénonciations diverses, certains riverains opèrent aux premières heures de la matinée. « Rarement vous verrez les gens déverser leurs poubelles le jour. Nombreux agissent à partir de 4 heures du matin », confie Nadine, 35 ans. Et d’ajouter : « Je regrette que les choses se passent ici. L’impuissance des pouvoirs publics ouvre la voie à ce type de débordements. » Flavien, étudiant, explique le comportement des populations : « En réalité, les gens agissent de la sorte pour contrer l’érosion qui menace la route. » Où sont les pouvoirs publics ? Longtemps, les habitants de ce quartier ont imploré l’intervention de l’État, préoccupés par les pluies qui, au fil des jours, ont mis en péril leurs domiciles. En effet, derrière le Centre inter-État de santé publique d'Afrique centrale (Ciespac), l’avenue a été, courant mai, ravagée par lesdites pluies. La catastrophe n’a pas épargné les habitations (voir nos précédentes éditions). Alain, fonctionnaire, plus de 15 ans dans le quartier, commente : « Nos efforts et nos supplications ont obligé les pouvoirs publics à intervenir. Mais l’action s’est arrêtée autour du Ciespac. » En effet, depuis le mois de mai, des engins oeuvrent à longueur de journée pour éviter au mur de clôture de ce centre de santé de la sous-région de s’écrouler. Des pistes de solutions… Érosion hier. Décharge publique aujourd’hui. Pourtant, la zone fait face à un autre phénomène : l’embouteillage. « Cet espace fait près de 7 mètres. On peut l’exploiter utilement. Si on l’aménage, il peut permettre aux bus de stationner, libérant ainsi la voie principale. Ce serait une solution, ou presque, aux embouteillages dont est victime cette route », explique Roger. Et de suggérer : « Autant nous saluons l’initiative de la mairie de libérer les rues et avenues de toutes les carcasses ; autant nous pensons que des poubelles publiques aideraient les populations à évacuer leurs ordures. Ce serait un moyen pour la mairie de créer des emplois et de gagner un peu d’argent car les gens vont payer. Il n’est pas normal que les abords d’une route comme celle-ci soient transformés en poubelles. »
Jocelyn Francis Wabout |