Religion : catholiques et anglicans unis contre le trafic humain dans le mondeLundi 16 Juin 2014 - 18:23 Le pape et le chef de l’Église anglicane estiment que le trafic des êtres humains constitue un grave crime contre l’humanité Il y a une tradition de bonne entente entre catholiques et anglicans. L’Église d’Angleterre est d’ailleurs considérée comme, de toutes les excroissances du protestantisme dans le monde, celle qui est la plus proche des catholiques romains, même si sa hiérarchie reste rattachée à la reine d’Angleterre, de fait son chef. Les visites des anglicans au Vatican et des hauts-prélats catholiques à Canterbury, en Angleterre, sont courantes. Les divergences entre les deux Églises, par exemple sur l’ordination de femmes comme évêques, donnent rarement à s’exprimer sur la place publique. Ce lundi 16 juin, c’était autour de « Sa grâce Justin Welby », archevêque (marié) de Canterbury et chef de l’Église anglicane, de venir en visite au Vatican. À la tête d’une forte délégation, Justin Welby, un ingénieur en pétrole de 58 ans qui a succédé à Rowan Williams qui avait démissionné de ses charges à la fin de décembre 2012, rencontrait le pape pour la 2e fois. Mais, aussi bien avec les prédécesseurs qu’avec l’actuel chef des 80 millions d’anglicans éparpillés dans le monde, les catholiques renouvellent régulièrement le rappel à leur mission incontournable commune d’œuvrer, par l’œcuménisme, à la pleine unité des chrétiens. Au Vatican lundi, le pape François a ainsi réaffirmé sa joie d’accueillir « des frères » qui continuent « à œuvrer dans la même vigne du Seigneur, pèlerins en route vers son royaume ». Il a souhaité que cette deuxième rencontre entre eux deux « contribue à ressouder nos liens d’amitié, et renforcer notre engagement pour la grande cause de la réconciliation et de la communion parmi les croyants en Christ ». Les deux délégations n’ont en aucune manière évoqué les questions qui divisent, se contentant, à l’instar de Justin Welby, de déplorer « les profondes différences » qui continuent de subsister. Mais elles ont souligné le grand travail accompli surtout au plan social par les deux Églises depuis 50 ans. Pour sa part, le pape François a relevé que « la pleine unité pouvait sembler lointaine mais demeurait l'objectif » commun aux catholiques et aux anglicans ensemble. À l’issue de cette audience accordée à M. Welby, le chef de l’Église catholique a indiqué qu’ils exprimaient « la même horreur devant le fléau de la traite des êtres humains et des diverses formes d'esclavage moderne », un « grave crime contre l'humanité ». Il a remercié la hiérarchie anglicane « pour son engagement contre de tels crimes intolérables contre la dignité humaine ». Justin Welby a loué lui aussi « les nombreuses initiatives caritatives, en particulier le réseau d'action contre la traite des femmes créé par de nombreux instituts religieux féminins », catholiques et anglicans. Cette collaboration est appelée à se poursuivre et même à s’intensifier. Les anglicans sont venus prendre part au Vatican à des réunions sur le thème du trafic des êtres humains, qui touche aussi aux phénomènes de l’immigration clandestine et de la prostitution. Sur la scène internationale, notamment à l’ONU, catholiques et anglicans se sont toujours élevés contre de telles pratiques dans une unanimité jamais démentie. Les points de discorde entre les deux Églises subsistent surtout sur les questions de société : admission des femmes à des hautes fonctions ecclésiales et place des homosexuels dans l’Église. Sous le pape Jean-Paul II, une cinquantaine d’évêques anglicans et de hauts-responsables en dissidence avec leur hiérarchie sur ces deux questions notamment, avaient quitté leur Église et demandé à rejoindre l’Église catholique. L’Église romaine avait accepté de les accueillir. D’ailleurs en 2009, le pape Benoît XVI avait dû créer un « ordinariat » spécial pour accueillir les personnes dans cette situation afin de leur assurer un cadre juridique au sein de l’Église catholique sans froisser les anglicans eux-mêmes ni… les catholiques bougons ! Lucien Mpama |