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Samedi 6 Juillet 2024 - 18:50

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C'est en Europe, continent historiquement acquis à la cause de la liberté de la presse, que le débat a lieu. Il concerne le sort réservé à ce corps de métier depuis le début en février 2022 de l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine. Cette opération devenue une guerre ouverte entre Moscou et les capitales occidentales réunies a fait une grande victime : la presse.

Dès le début, dénonçant des médias au service de la propagande du Kremlin, Bruxelles, capitale de l’Union européenne, prenait des mesures de suspension puis finalement de fermeture des organes de presse russes dans l'espace des vingt-sept. La mesure est entérinée aussitôt par les Etats membres avec des conséquences que l'on imagine pour les professionnels employés par lesdits médias.

Invoquant la règle de la réciprocité, les autorités russes ont à leur tour annoncé à la fin du mois de juin le retrait de l'autorisation d'exercer à plus de quatre-vingts médias européens. Là également, les professionnels ont été priés de rentrer chez eux non sans vivre dans leur chair la grande incompréhension.

Dans l'un et l'autre cas, ce ne sont pas les journalistes entre eux qui s'accusent de propagande. Le champ de la com officielle est occupé par les responsables politiques. Si ce ne sont les chefs d'Etat et de gouvernement, ce sont les chancelleries ou leurs représentants qui donnent le change. Comment dans ces conditions considérer que les médias ne sont pas des instruments aux mains des dirigeants qui en disposent à des fins politiques ?

Il est certain que si l'opportunité avait été donnée aux instances de régulation de l'exercice du métier d'agir en lieu et place des hommes politiques, les décisions prises n’auraient pas été les mêmes. Autant de médias « radiés », autant de journalistes mis au chômage, ce n'est certainement pas le meilleur moyen d'assurer la liberté de la presse ni de promouvoir une information plurielle. Et quelles que soient les raisons avancées en hauts lieux pour justifier ces fermetures féroces, la réalité reste frappante.

Dans les grandes comme dans les moyennes démocraties, la presse a encore du chemin à faire pour prendre son indépendance. Parce que l'argent étant le nerf de la guerre médiatique, la tirelire se trouvant entre les mains des puissances politiques et économiques prêtes à en découdre militairement, le chemin vers l'indépendance en question est semé d'embûches. Comme quoi la presse ne cessera jamais d'être la cible idéale des querelleurs publics. La preuve...

Gankama N'Siah

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