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À Luanda

Lundi 9 Décembre 2024 - 5:00

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La capitale de l’Angola abritera le 15 décembre, sauf impondérable, une tripartite associant les présidents Paul Kagamé du Rwanda et Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo (RDC) avec leur homologue Joao Lourenço. Sur la table de cette rencontre au sommet trône le brulant dossier du retour à la quiétude entre les gouvernements de Kigali et de Kinshasa brouillés du fait des violences armées en cours à la lisière de leurs frontières communes.

L’hôte de cette rencontre aura l’occasion de se rendre compte à quel point les parties au conflit ont évolué dans leurs perceptions de la crise, vieille de plusieurs décennies, envisagée un temps comme touchant à sa fin mais repartie de plus belle ces dernières années. Les discours officiels entendus dans les deux pays sont de tendance à éloigner toute perspective de reprise du dialogue, si bien que l’annonce de ce mini-sommet confère à la suite des événements un certain optimisme.  

La tâche du chef de l’Etat angolais n’est pas aisée dans la mesure où la crise qui oppose ses invités de marque a éprouvé plusieurs médiations et la persévérance de tant d’émissaires. Mandaté par l’Union africaine (UA), Joao Lourenço jouit néanmoins de la légitimité nécessaire pour conduire sa mission. Il a rencontré ses interlocuteurs en diverses occasions, il les connait et mesure la profondeur des dissensions qui plombent par un effet domino le fonctionnement des organisations sous-régionales auxquelles appartiennent les deux pays.

Les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), d’une part, et le Mouvement du 23 mars, (M23), d’autre part, représentent pour Kigali et Kinshasa les indicateurs « tangibles » de la continuation des violences à l’est de la RDC. Des accusations mutuelles de soutien à l’une et l’autre rebellions cristallisent les tensions et rendent inopérante toute démarche allant dans le sens du dialogue. Pendant ce temps, la RDC, pays le plus affecté par la présence des milices locales et étrangères vit l’insoutenable désastre humanitaire dénoncé par tous, sans que l’on sache quand il s’arrêtera.

La responsabilité des plus hautes autorités rwandaises et rd-congolaises est d’abandonner le repli sur soi et accorder un peu de chance à l’ingérence « salutaire » de l’UA à travers la personne du président Lourenço. La rencontre de Luanda aura lieu une dizaine de jours après la visite du président américain, Joe Biden en Angola, lequel a échangé sur place, le 4 décembre, avec le chef de l’Etat de RDC en marge du lancement du projet du « Corridor de Lobito ». Une occasion propice d’interroger le conflit en question, mais surtout de réfléchir aux moyens d’y mettre fin.

En revanche, les voies diplomatiques empruntées depuis lors pour trouver des solutions à la lancinante crise de l’est de la RDC n’ont pas abouti pour plusieurs raisons. Nous avons évoqué les implications extérieures. À terme - la lutte armée ayant montré ses limites - à l’intérieur des frontières des deux Etats, peut-être qu’il faudra envisager des rapprochements et tenter de réaliser le miracle de la réconciliation nationale, seul gage, quoi que l’on pense, pour espérer la fin des rebellions.

À moins de considérer que les armes ont encore à faire, alors même qu’elles ont assez parlé sans résultat probant.

Gankama N'Siah

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