Environnement : l’IPBES plaide en faveur des réponses globales

Mercredi 18 Décembre 2024 - 15:56

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Un rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) propose, pour la première fois, une analyse des liens entre cinq éléments critiques pour l’humanité : eau, santé, alimentation, biodiversité et changement climatique.

Le « rapport Nexus » dresse une liste de 71 réponses pour affronter globalement les défis. Il a été approuvé par 147 gouvernements réunis en Namibie. Les interconnexions entre les multiplies crises n’ont jamais été aussi claires et un rapprochement est à l’œuvre. La nécessité « de plus d’interactions entre les différents accords sur l’environnement augmente », se félicite Fabrice DeClerck, spécialiste de l’alimentation et l’un des auteurs, parmi les 165 qui y ont contribué dans 57 pays. Ce rapport, synthèse des connaissances scientifiques existantes, recommande une approche globale : regarder et traiter de manière globale toute la chaîne des grands défis planétaires et non chaque maillon isolément. Les scientifiques avertissent des conséquences néfastes de vouloir régler un problème sans penser aux autres. Par exemple, en s'attaquant « exclusivement » au changement climatique en ignorant les effets sur la nature. « Le rapport d'évaluation sur les liens entre la biodiversité, l'eau, l'alimentation et la santé -connu sous le nom de rapport Nexus -offre aux décideurs du monde entier l'évaluation scientifique la plus ambitieuse jamais entreprise sur ces interconnexions complexes », souligne l’IPBES.  

« En améliorant la compréhension de ces interconnexions et en identifiant les opportunités de collaboration à travers les secteurs et les échelles, les résultats de l’évaluation des liens peuvent contribuer à une gestion et une gouvernance synergique et holistique », explique le rapport. « L’approche Nexus nous permet de voir l’interaction entre les domaines dont découlent des solutions qu’on ne trouve pas dans des approches en silos », indique Fabrice DeClerck. Fruit de trois ans de travail, le rapport spécial aborde le problème complexe de l’imbrication de cinq « éléments » : la perte de la biodiversité, la disponibilité et la qualité de l'eau, l’insécurité alimentaire, les risques sanitaires et le changement climatique. « Bien que cela ne soit pas mentionné dans le titre de l’évaluation, le changement climatique a des interactions importantes et croissantes, mais souvent négligées, avec tous les [autres] éléments du nexus, à travers ses effets et les actions d’atténuation et d’adaptation », souligne-t-on.

7 000 milliards par an investis dans des activités néfastes à la biodiversité

L’importance de la biodiversité, « essentielle à notre existence », n’est pas toujours évidente. Elle  soutient « pourtant nos approvisionnements en eau et en nourriture, notre santé et la stabilité du climat. Elle fournit des services essentiels : elle régule les cycles hydrologiques, contrôle des ravageurs et des pathogènes, stabilise le climat, et préserve les identités culturelles. Elle contribue à la production alimentaire par la pollinisation, le maintien de sols fertiles et la protection contre les événements climatiques extrêmes », rappelle le rapport, qui souligne le rôle crucial  des zones humides dans la régulation du cycle de l’eau : perte de biodiversité et changement climatique combinés sur les écosystèmes et leurs capacités à capter le carbone et à faire tampon aux événements extrêmes. Le Nexus pointe également « l’extraction de l’eau » comme un moteur de la dégradation environnementale. Par ailleurs, 80% de la population sous-alimentée vit dans des pays en développement, où la perte de biodiversité aggrave les inégalités en matière de santé et de nutrition. Fatalement, le changement climatique affecte la biodiversité, l’eau, la nourriture et la santé - entre 12 000 et 19 000 décès d’enfants en Afrique entre 2011 et 2020.  Le coût de l’inaction, lui, est faramineux : l’IPBES l’évalue entre 10 000 et 25 000 milliards par an, soit 10 à 25% du probuit intérieur brut mondial. Dans le même temps, l'on investit 7000 milliards de dollars par an dans des activités qui endommagent la biodiversité, alors que seulement 200 milliards de dollars sont consacrés à sa restauration.

Noël Ndong

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