Mort du pape François : l’Église à la croisée des cheminsJeudi 24 Avril 2025 - 19:43 La matinée du 21 avril, un lundi de Pâques, s’est éteint le pape François, après douze années d’un pontificat unique en son genre. Un pontificat qui aura été, pour le 1,2 milliard de catholiques dans le monde laïcs, consacrés et ecclésiastiques, une véritable montagne russe émotionnelle.
Premier jésuite et premier pape venu d’Amérique latine, élu en 2013, François a marqué l’histoire dès le choix de son nom, en référence à saint François d’Assise, symbole de pauvreté et de paix. Il a voulu une Église « pauvre pour les pauvres », proche des périphéries, rompant avec les fastes vaticans. Son style pastoral, sa simplicité, sa proximité avec les fidèles et ses voyages aux quatre coins du monde ont séduit de nombreux croyants. Mais ses prises de position ont aussi profondément divisé. Le prix du progrès Pape de l’ouverture, François a tenté d’adapter l’Église à un monde en rapide mutation. Mais ses positions, jugées parfois floues ou trop libérales, ont suscité l’incompréhension, voire la colère, dans les rangs les plus conservateurs. En 2013, à son retour des Journées mondiales de la jeunesse à Rio, il prononce une phrase restée célèbre : « Qui suis-je pour juger ? », à propos des personnes homosexuelles. Ce propos alimentera, tout au long de son pontificat, les débats sur l’ouverture de l’Église aux minorités sexuelles, souvent perçue comme ambivalente. Cette tension culmine avec la publication, en décembre 2023, de Fiducia Supplicans, un texte validé par François autorisant la bénédiction non sacramentelle des couples en situation dite « irrégulière », y compris des homosexuels. Une première dans l’histoire du Vatican. Ce document provoque un tollé au sein de certaines Églises locales. Le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar s’y oppose frontalement. Dans un communiqué, ses évêques refusent toute bénédiction de couples homosexuels, arguant que cela va à l’encontre des valeurs culturelles africaines et des lois naturelles. Une fracture doctrinale assumée, que François n’a pas ignorée, préférant reconnaître la spécificité africaine au sein de l’universalité catholique. Une ambigüité de plus dans un pontificat déjà marqué par la complexité. L’heure du bilan François laisse derrière lui une Église vivante, mais ébranlée. Son souci de justice sociale, son engagement écologique, sa dénonciation du cléricalisme et sa défense des migrants ont fait de lui une figure mondiale de la solidarité. Mais sa volonté de réforme a mis à nu des tensions profondes au sein du corps ecclésial. L’Église catholique est-elle prête à écrire une nouvelle page ? Le conclave à venir devra répondre à des attentes multiples : entre tradition et modernité, fidélité au dogme et adaptation au monde. L’enjeu est clair : préserver l’unité sans renier l’identité. À l’heure du deuil, les fidèles s’interrogent : quel cap prendra le successeur de François ? Le prochain pape devra naviguer dans une époque troublée, où l’Église est parfois perçue comme en décalage, mais toujours écoutée. En attendant le prochain Habemus Papam, une prière s’élève : que la lumière du discernement éclaire les cardinaux appelés à choisir un guide pour l’avenir. Princilia Pérès Légendes et crédits photo :Le pape François/DR Notification:Non |