Secteur informel : des jeunes Congolais s’activent aux petits métiers

Jeudi 17 Juillet 2014 - 17:22

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les petits métiers étaient reconnus comme l’apanage des sujets étrangers, surtout ceux venant de RDC. Leur départ suite à l’opération de police « Mbata Ya Bakolo » a créé un vide dans ce secteur informel. D’où l’engouement constaté chez les jeunes Congolais de Brazzaville qui sont de plus en plus nombreux à exercer ces petits métiers. Zoom sur le marché Total à Bacongo et l’entreprise Ragec à Djiri, dans le 8e arrondissement de Brazzaville

 Ils sont nombreux les jeunes qui s’activent désormais à faire des petits boulots qui, autrefois, étaient exercés par des sujets étrangers. Au marché Total, les chargeurs et déchargeurs de marchandises, tout comme les pousseurs, font recette. De 15 à 20.000 FCFA par jour, explique un jeune Congolais qui décharge un camion d’oignons. « Quand la journée n’a pas trop marché, j’ai au moins 7.000 FCFA mais quand ça a vraiment donné, je me retrouve avec entre 15 et 20.000 FCFA », témoigne Amour Mokouanga qui fait ce boulot depuis un mois.

À la question de savoir pourquoi avoir attendu l’opération de police pour exercer ce métier, Amour répond : « Ceux qui étaient là avant avaient créé une sorte de circuit fermé. Lorsque tu venais nouvellement et qu’ils se rendaient compte que tu n’étais pas des leurs, tu devenais, de facto, indésirable pour eux. Ils créaient aussitôt des conditions pour que tu partes de là. Lorsque j’ai essayé en 2010, une semaine après, on avait volé ma brouette et chaque fois, on me proférait des menaces », témoigne-t-il.

Euloge Nkounkou est responsable d’une boucherie. Il a des avis divers sur l’opération Mbata Ya Bakolo. « Après le départ des étrangers, il n'y a plus beaucoup de cas de vol au marché Total. Seulement, le marché est devenu très insalubre car il n'y a plus personne pour ramasser les ordures. Les aliments cohabitent avec les tas d’immondices. Les Congolais ne supportent pas de ramasser la saleté », regrette-t-il.

Une enquête de terrain menée tout récemment par l’Office national de l’emploi et de la main d’œuvre (ONEMO) révèle que plus de 200 emplois ont été créés en moins de deux mois dans 6 entreprises de la place. Il s’agit, indique le document, de SGEC avec 100 manœuvres, AB Construction 40 manœuvres, Sinohydro 80 manœuvres, Rafraichissants, Glaces, Eau du Congo (Ragec) 60 ouvriers et manœuvres, CEEDI 3 électriciens qualifiés, 2 maçons et un charpentier, et Procob qui a pu recruter 2 chefs de chantiers et 3 assistants techniques.

Advenir Biamesso vient d’être recruté à Ragec. Son travail chaque jour consiste à ramasser les bouteilles ratées et les emmener à la broyeuse. « Avant quand nous venions ici, les responsables de l’entreprise ne nous prenaient pas. Ils avaient une préférence pour les étrangers. Mais après l’opération Mbata Ya Bakolo, nous avons été recrutés », se réjouit-il.  

Victi Bokouaye a été recruté lui aussi à Ragec comme soudeur. Il lance un appel aux jeunes pour qu’ils aillent désormais chercher l’emploi dans les entreprises. « Grâce à cette opération, les jeunes ont eu des emplois dans les chantiers. Que ceux qui ne le savent pas encore aillent vers ces entreprises », explique-t-il.

Toutefois, pour certains chefs d’entreprise, les jeunes Congolais seraient très exigeants et capricieux. « Nombreux sont ceux qui viennent avec une certaine motivation au départ mais finissent par abandonner ou baisser d’intensité après. Ils viennent tout de suite avec l’idée de vite gagner leur vie sans pour autant donner d’abord le meilleur d’eux-mêmes. Il faut chaque fois être derrière eux pour que le travail soit bien fait. C’est l’une des difficultés que nous rencontrons après que nous ayons remplacé les étrangers par des Congolais », explique Ali Assi, responsable de l’usine de Ragec.  

 

Tiras Andang

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Un jeune poussant des sacs d'oignons au marché Total. Photo 2 : Des jeunes soudeurs en pleins travaux à Ragec.