Quelles thématiques ont été abordées lors de la visite du chef de l’État au NIH ?
Plusieurs thématiques importantes ont été soulevées : renforcement des capacités techniques, formation du personnel, problèmes de santé générale avec les AVC, surveillance de la maladie en utilisant des NTIC, organisation et administration de la recherche, Ebola etc. Dans tous ces domaines, nous avons des besoins et nous pouvons bénéficier de transferts de technologie. La venue du chef de l’État apporte pour nos partenaires une confirmation que le niveau politique de notre pays est intéressé ce qui était important. C’est une opportunité pour la communauté scientifique congolaise de faire un bond en avant qualitatif et quantitatif en matière de production scientifique. Le budget du NIH pour l’exercice en cours est de 39 milliards de dollars et il n’y a pas un partenaire mieux financé et mieux outillé technologiquement au monde. Je lance un appel aux chercheurs congolais de se montrer solidaires les uns vis-vis des autres afin de pouvoir tirer profit de cette main tendue du NIH. On ne peut rêver mieux comme partenaire.
Quelles retombées pour le Congo peut-on espérer de cette visite au NIH ?
Les retombées vont dépendre de l’intérêt que nous voulons y mettre. Le NIH a tendu la main, pour eux c’était important de recevoir un chef d’État africain. Le Congo a des besoins en terme de santé publique, de recherche médicale ou bio-médicale. Nous sommes très en retard même par rapport aux autres pays africains or les problèmes ne manquent pas. Ceux communs à tous les pays africains : paludisme, VIH, tuberculose, Ebola ; les problèmes de santé publique émergents tels que les maladies chroniques, les maladies non transmissibles, le président lui même a parlé des accidents vasculaires cérébraux mais aussi l’accessibilité aux soins, la perception du système de santé par les familles etc. Le NIH est une agence américaine qui occupe la pôle position sur le plan international en matière de recherche en santé. Leur main tendue peut nous aider à élever le niveau chez nous dans n’importe quel domaine de recherche en santé car ils ont l’expertise. C’est à nous de proposer ce que nous voulons.
Quels accords existent entre le NIH et les institutions de recherche congolaises ?
Nous avons déjà signé un accord de collaboration d’abord motivé par la recherche sur Ebola. Notre pays est stable, de petite taille, on peut le sillonner facilement en sécurité ce qui était attractif pour le NIH. L’autre côté intéressant pour eux était d’ouvrir une fenêtre en Afrique centrale francophone, nous sommes quasi le seul pays francophone dans lequel le NIH intervient.
Le NIH a deux types de financements, les financements compétitifs auxquels n’importe quel établissement scientifique d’un pays qui a des relations diplomatiques avec les États-Unis peut candidater, même si le niveau scientifique requis est très élevé. Sur ce point là, nous avons un certain nombre de faiblesses que la collaboration avec le NIH pourrait nous aider à combler. Les seconds mécanismes d’appui sont les financements intra-muros, c’est-à-dire pour les institutions qui appartiennent au NIH. Nous pouvons également nous inscrire dans ce mécanisme si le protocole se fait avec les équipes du NIH.
Le Congo a-t-il les compétences humaines pour tirer pleinement profit de ce partenariat ?
Il y a des compétences existantes, nous avons une université, des enseignants chercheurs… il y a de la ressource humaine qui pourrait bénéficier de cette aubaine mais en termes de production scientifique, nous n’avons pas des équipes bien outillées. En sciences lorsque vous ne produisez plus, vous ne lisez plus scientifiquement et vous perdez pied. Cela est arrivé à la majorité de nos enseignants-chercheurs mais qu’à cela ne tienne ! C’est à nous de nous auto-évaluer objectivement, de fixer des objectifs et des ambitions réalistes, des priorités en termes de formation etc. Je suis d’un tempérament optimiste et je pense qu’en faisant des études bien ciblées, nous pouvons faire un bond qualitatif important. Nous n’allons pas basculer à l’excellence d’un coup mais il ne faut pas que l’on pêche par manque d’ambition. Sur le long terme, nous devons également favoriser l’apprentissage de l’anglais par nos chercheurs.