Finances : dix-huit banques face aux PMEDimanche 17 Août 2014 - 16:56 En raison de la difficulté manifeste de dénicher de nouveaux clients dans le secteur formel relativement bien intégré dans le système bancaire de la RDC, les banques congolaises sont engagées désormais dans une bataille larvée pour le contrôle du marché des petites et moyennes entreprises (PME), la seule clientèle capable encore de constituer une précieuse source de dépôts. Les chiffres indiquent que le marché des dépôts a augmenté de manière décisive, atteignant les 3 milliards de dollars américains à la fin de l’année 2013. La tendance s’est accélérée au cours des quatre dernières années. Cette période coïncide avec l’arrivée des nouvelles banques africaines et régionales professionnelles dans le pays. L’on estime que le nombre de banques a triplé sur une période de cinq années en RDC. Leur apport est considérable en matière d’offre de produits et services mais aussi, il faut le souligner, d'extension des réseaux d’agences sur l’étendue du territoire national, en dépit de la faible capacité d’épargne de la population. Elles doivent travailler également dans un contexte rendu également difficile par le climat des affaires en phase d’amélioration mais la classification de la RDC au titre de « pays à risque » a un impact sur l’image des banques congolaises et le traitement de leurs transactions, a reconnu une source bancaire. Grâce à une confiance retrouvée, notamment auprès des plus réfractaires des clients dont les fonctionnaires et agents de l’État de retour en force dans le système bancaire avec la bancarisation de la paie du secteur public, le défi lancé par les banques est d’arriver à élargir leur clientèle. Si les statistiques prouvent à suffisance une augmentation numérique, par contre l’on observe une grande disparité dans la répartition des clients au sein des dix-huit banques agréées. En effet, cinq banques du pays contrôlent les ¾ du marché des dépôts. Il s’agit essentiellement des banques dites familiales qui se sont développées au lendemain des crises politico-militaires qui avaient entraîné le départ des banques internationales et l’effondrement du système bancaire national. Beaucoup d’entreprises ont ainsi créé des banques pour arriver à faciliter leurs propres transactions financières. Selon les analyses, ces nouvelles banques évoluent tout doucement mais elles sont encore loin de rivaliser avec les banques familiales. Pour beaucoup de banques arrivées dans la dernière vague, c’est maintenant une question de survie d’autant que certaines d'entre elles travaillent avec un résultat net déficitaire. Actuellement, les PME représentent le nouveau marché national où s’entredéchirent les banques prêtes à proposer les produits et services les plus attractifs. Mais la cible n’est pas facile. Outre le fait qu’une bonne partie de PME évolue dans l’informel, tout en brassant des sommes faramineuses, l’on soulève également les conditions difficiles de fonctionnement des PME locales. Pourtant, il s’agit bien d’une clientèle intéressante. En effet, conformément à la loi, 30% des travaux des différents chantiers d’infrastructures routières du pays devraient revenir aux PME. Cela peut intégrer les accotements, les bordures et les caniveaux. Pris dans ce sens, les PME constituent un véritable poumon de l’économie d’une nation. Certaines d’entre elles revendiquent d'ailleurs une meilleure considération des acteurs publics, car elles représentent aujourd’hui des partenaires incontournables. Elles déplorent le retard accumulé dans les réformes visant l’amélioration du climat des affaires et des investissements. Les difficultés des PME tournent essentiellement autour des problèmes financiers, faute de financement du pouvoir public et de l’accès au crédit. Peu de PME sont en mesure actuellement de s’autofinancer, et leur accès au crédit est soumis à des rudes conditionnalités ou des garanties bancaires hors de portée pour les PME. Selon notre source, les banques n’ont simplement pas confiance aux PME locales congolaises. Laurent Essolomwa |