Progression d’Ébola : groupes miniers et transporteurs aériens dans la tourmenteLundi 18 Août 2014 - 16:02 Le niveau de psychose a atteint son sommet dans les États africains affectés, et il est aggravé ces dernières semaines par l’évacuation du personnel étranger de certains groupes miniers et des familles de diplomates en poste, mais aussi l’arrêt des vols de quelques grandes compagnies aériennes vers la zone déclarée rouge. Ces perturbations ont des sérieuses répercussions sur les économies des pays affectés, du moins à ce stade. En Sierra Léone, au Libéria et en Guinée, les projections de croissance économique ont connu d’ailleurs une révision à la baisse d’environ deux points. L’arrêt des vols vient à son tour compromettre la reprise économique dans ces trois pays qui dépendent des liens aériens pour évacuer leurs matières premières, la première source de revenu. En effet, le potentiel de se propager via le transport aérien inquiète énormément et justifie même la réduction des vols dans la sous-région. Avec la désertion des opérateurs aériens dans cette zone rouge, toute l’industrie extractive en plein essor est affectée considérablement. Le risque s’étend maintenant sur la main d’œuvre qualifiée et les investissements étrangers. Ensemble, le produit intérieur brut combiné de la Sierra Leone, du Libéria et de la Guinée représente 14 milliards de dollars américains, et leur population globale est estimée à 20 millions de personnes. L’Afrique affectée Mais le malaise gagne du terrain. Un voyageur affecté a quitté le Libéria pour le Nigéria où il a trouvé la mort après avoir affecté d’autres personnes. Ce cas a confirmé qu’aucun pays n’est épargné. Par conséquent, les effets n’ont pas tardé à se faire ressentir dans certains domaines, notamment la demande de voyage actuellement en chute libre. Rio Tinto, deuxième groupe minier au monde, a limité les mouvements de son personnel en Guinée. MTN Group LTD, principal opérateur de téléphonie mobile de la région, lui a emboîté le pas cette fois au Libéria. La Korean Air a décidé de quitter Nairobi dès ce 20 août, une réaction d’ailleurs jugée excessive par l’OMS car le pays n’a enregistré aucun cas à ce jour. D’autres transporteurs gambien, togolais et nigérian ont arrêté quelques vols dans la région. British Airways et les Émirats arabes ont annulé également leurs vols vers les pays où la maladie est présente. Des compagnies internationales comme Air France, Brussel Airlines et Deutshe Lufthansa vont renforcer le dépistage des clients à bord tout en maintenant les vols dans les pays touchés. Aux denrières nouvelles, le Kenya a fermé ses frontières pour tout vol venant d'un des trois pays touchés. Situation épidémiologique Selon les statistiques datant du week-end, l’OMS fait état de 1 145 morts et plus de 2 100 cas. Pour rappel, l’épidémie s’est déclarée en mars dernier en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, avant de s’étendre en juillet au Nigéria. Mais la tension n’est pas prête de baisser. En effet, l’arrivée des nouveaux patients ayant Ébola dans les centres nouvellement aménagés par les ONG internationales ne laissent plus de doute sur l’ampleur inquiétante de l’épidémie, et les moyens très limités de prise en charge médicale. Cette dernière vague conduit nécessairement à penser que beaucoup de patients ne sont pas encore contactés ou repérés. Pour l’OMS, il faut au moins six mois pour contenir l’épidémie. Elle a admis pour la première fois que les chiffres disponibles ne reflètent pas l’ampleur réelle de l’épidémie. L'on appris de source indépendante que des inconnus armés de gourdins ont attaqué un centre au Libéria, laissant s'échapper des patients. Certains parmi eux ont pu être rattrapés, d'autres courent toujours. Laurent Essolomwa Légendes et crédits photo :Photo 1 : Quelques dates de manifestation du virus d'Ébola en Afrique
Photo 2 : L'Afrique renforce la surveillance aux aéroports
Photo 3 : Évolution de l'épidémie d'Ébola
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