Concertations nationales:le M23 persona non grata?Mardi 20 Août 2013 - 16:57 Ne pas intégrer les représentants de la rébellion dans les discussions, pense une certaine opinion, c’est entretenir le brasier de l’Est en leur offrant un prétexte supplémentaire pour exacerber la tension dans cette partie du pays. La participation ou non des rebelles du M23 aux concertations politiques initiées par le chef de l’État, Joseph Kabila, fait jaser dans l’opinion. Cette dernière est divisée quant à la réponse à apporter à cette problématique. D’un côté, on retrouve ceux qui s’opposent avec la dernière énergie à la participation du M23 à ces assises et, de l’autre, ceux qui militent en faveur de sa représentation. Les uns et les autres ne manquent pas d’arguments pour justifier leur position. Les populations du Nord-Kivu qui subissent chaque jour les affres de la guerre meurtrière imposée par les groupes armés n’ont qu’un seul discours : désarmer les rebelles du M23 et en finir une fois pour toutes avec cette horde des hors-la-loi. Une approche que partagent nombre des acteurs politiques, tant de la majorité que de l’opposition qui estiment que le fait d’avaliser la présence des délégués du M23 aux concertations nationales équivaudrait à légitimer ce mouvement armé. En tant que force négative telle qu’acté dans les différents rapports des experts de l’ONU, le M23 ne peut se retrouver dans ce forum national, argue-t-on. « Tout ce qui leur est demandé, c'est de déposer les armes. Ce qu'ils n'ont jamais fait», avance un leader de l’opposition. Cette opinion n’est pas forcément celle du présidium qui considère que le M23 a bien des revendications à faire prévaloir au cours de ces assises et que ses délégués y seront bien présents. De passage tout récemment au Congo Brazzaville où ils ont été reçus en audience par le président Denis Sassou N’Guesso, les présidents de deux chambres de la RDC n’ont pas eu leur langue en poche. Léon Kengo Wa Dondo a rassuré que les concertations nationales seront « inclusives » et connaîtront la participation de la rébellion. En appui à cette approche, d’autres acteurs politiques estiment qu’il ne servirait à rien de marginaliser le M23 qui constitue un des facteurs majeurs de l’instabilité du pays dans sa partie Est. Ne pas intégrer ce groupe armé dans les discussions, c’est entretenir le brasier de l’Est en offrant à la rébellion un prétexte supplémentaire pour exacerber la tension. En outre, fait-on observer, il n’y a pas lieu de se leurrer étant entendu que l’option du dialogue est celle que soutient l’ONU. Par conséquent, voir le M23 siéger aux concertations nationales rejoindrait le schéma onusien qui, depuis toujours, pousse Kinshasa à renouer le fil du dialogue. Ce qui est perçu comme une contradiction dans le chef de l’ONU qui, tout en considérant le M23 comme une force négative, l’invite tout de même à la table de négociation avec un gouvernement légitime. Cependant, certains analystes entrevoient même la possibilité de poursuivre les discussions sans issue de Kampala dans ce forum national qui est une des recommandations de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. « Kinshasa n'a pas le choix. Dans une guerre où vous n'avez pas la suprématie, vous ne pouvez pas mettre fin à cette guerre sans intégration », martelait encore il y a peu un acteur politique. Toutefois, la perspective de voir des représentants du M23 intégrer les institutions étatiques au nom de la cohésion nationale fait redouter de nombreux Congolais. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Sultani Makenga et Jean-Marie Runiga en avant-plan |