Assemblée nationale: l’opposition promet de saisir la justice contre Kitebi et Musungayi

Mercredi 12 Novembre 2014 - 17:30

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Entre-temps, elle entreprend une nouvelle croisade contre le premier-vice président du bureau de l’Assemblée nationale, Charles Mwando Nsimba, ayant assuré la police de débat au cours de la plénière surchauffée de lundi dernier qu’elle accuse de partialité.  

C’est un cinglant revers que l’opposition parlementaire a subi le lundi 10 novembre à l’hémicycle du Palais du peuple. Les motions de défiance initiées contre deux membres du gouvernement, en l’occurrence Patrice Kitebi et Remy Musungayi respectivement ministre délégué aux Finances et de l’Industrie, ont été rejetées. Totale désillusion pour les députés à la base de cette fronde qui ont cru régler des comptes avec les deux ministres interpellés, oubliant qu’ils prestaient dans une institution où ils sont minoritaires. En fait, théoriquement, leur initiative avait du mal à passer. La Majorité qui, pour rien au monde, n’entend cautionner une action venant de l’opposition nonobstant sa consistance, s’est aussitôt interposée pour bloquer l’initiative. Le vote s’est négocié entre les élus proches de la famille politique du chef de l’État, les députés de l’opposition ayant préféré vidé la salle. Une fois encore, l’opposition a été déboutée. Samy Badibanga et ses amis n’ont eu que leurs yeux pour pleurer.

En fait, l’argumentaire développé en guise du rejet de la motion contre Patrice Kitebi était bétonné. La discussion du projet de loi de reddition des comptes étant déjà envoyée à la Commission, il n’appartenait plus à aucun député de prendre la liberté d’initier une quelconque motion en rapport avec cette matière avant que le rapport de la commission ne soit présenté en plénière. En fait, a-t-on fait remarquer, l’opposition a mis la charrue avant le bœuf en faisant fi de la procédure parlementaire dans le cas d’espèce. En outre, comment pouvait-on interpeller un ministre qui agit par délégation de mandat alors que le vrai détenteur de l’impérium de qui il reçoit des ordres n’est pas inquiété ! Quant au ministre Remy Musungayi, il a eu la vie sauve grâce à l’intervention du député Valentin Senga qui a annoncé le retrait de dix-huit signatures de la motion dirigée contre lui rendant ainsi l’initiative de soixante-trois députés de l’opposition caduque.

Le dénouement de cette affaire a porté un coup d’estocade sur l’opposition visiblement déstabilisée. Pour se donner bonne conscience, elle a entrepris une nouvelle croisade contre le premier-vice président du bureau de l’Assemblée nationale, Charles Mwando Nsimba, qui a assuré la police de débat au cours de la plénière surchauffée de lundi dernier. L’élu de Moba aurait, d’après ses pourfendeurs, protégé les deux ministres interpellés en refusant de soumettre le contenu de deux motions au débat. En fait, d’après une certaine opinion, patriarche du Katanga obéissait à un schéma planifié par la Majorité qui tenait à rabattre le caquet à ceux d'entre ses membres qui cherchaient à se servir de ces deux motions pour déstabiliser le gouvernement Matata et, par conséquent, contraindre le chef de l‘État à mettre en place le fameux gouvernement de cohésion nationale. En contrecarrant cette initiative qui tendait à décrédibiliser le gouvernement Matata, le message ainsi transmis par la Majorité peut être décrypté comme une volonté manifeste de laisser en état cette institution jusqu’à ce qu’il plaira à l’autorité morale de remanier à sa guise, en dehors de toute pression, la structure gouvernementale. 

L’opposition vient d’apprendre à ses dépens qu’elle ne fait que de la figuration dans une législature où ses initiatives ont du mal à passer. Elle promet de saisir les instances judiciaires dans l’espoir d’obtenir gain de cause dans sa croisade contre les ministres incriminés dont la megestion est flagrante. Entre-temps, dans les couloirs du palais du peuple, l’on apprend que des espèces sonnantes ont circulé pour sauver du naufrage les deux ministres moyennant la rondelette somme de 7.500 par député. Dans cette configuration parlementaire, il y a lieu de désespérer quant à la perspective de non révision constitutionnelle qui passe pour le crédo du moment au sein de l’opposition.

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Samy Badibanga et ses pairs de l'opposition