Envois de fonds : le désintérêt grandissant des banques constitue un coup dur pour les migrants africains

Samedi 3 Janvier 2015 - 15:57

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Le secteur bancaire se retire progressivement de cette activité pour des raisons de sécurité, mais ce retrait observé depuis un certain moment aura à terme un impact négatif sur le fonctionnement des transferts d’argent vers les pays en dévelopement qui en ont le plus besoin pour augmenter leurs revenus nationaux.  

Les raisons évoquées par le secteur bancaire pour justifier cette attitude de prudence sont de divers ordres. Il y a le souci d’éviter toute exposition aux circuits liés au blanchiment d’argent et au financement des organisations terroristes. Pour les grandes banques, l’idée est d’arriver à éliminer toute forme de risque de leurs activités. Comme l’explique la Banque mondiale (BM), le processus de retrait des banques du marché des envois de fonds empêchera au fil du temps les opérateurs de transfert d’argent de continuer à fournir ce genre de service. En cherchant actuellement à augmenter les coûts de transfert de fonds, les banques ne font que contribuer à l'exclusion des plus pauvres en les empêchant d’avoir accès aux services financiers formels, s’inquiète la BM. En effet, on estime actuellement que 2,5 milliards d’adultes. Cet argent provenant des migrants permet aux bénéficaires de ces services de payer l’eau, l’électricité, le logement, l’éducation et la santé.

L’objectif de la BM est de poursuivre les efforts visant à parvenir à un accès universel aux services financiers à l’horizon 2020. L’enjeu est énorme, et concerne un nombre important de pays à cause de son impact direct sur les économies en développement. Il faut rappeler que cette matière a poussé la BM et ses partenaires du G20 à collaborer avec les États déterminés à garantir l’intégrité de leurs marchés. Il s’agit des États qui éprouvent réellement le besoin de maintenir une affluence des envois de fonds à des coûts accessibles. Il se trouve que plusieurs paramètres aideront à relever ce défi. En effet, il y a un certain nombre de technologies innovantes et de réformes qui ont permis de baisser les coûts, principalement les mécanismes de transfert de fonds et de comptes bancaires. Certaines des innovations ont ouvert la voie à une infinité de nouvelles manières de transférer de l’argent avec des conditions plus intéressantes en termes de coût, de rapidité et de sécurité, renchérit la BM.    

Sur le plan des chiffres essentiels, l’on compte actuellement près de 230 millions de migrants à l’échelle mondiale. Leurs envois de fonds représentent une part significative des revenus des familles. En effet, les bénéficiaires sont estimés à 450 millions. Pour les pays dépendants, les transferts de fonds peuvent constituer une source de réserves de change. Au mieux, ils représentent une part significative de leur PIB. Lors des évènements dramatiques, les transferts de fonds ont permis de soulager certains pays frappés. Il faut citer le cas d’Haïti qui a reçu des transferts de fonds représentant 21% de son PIB en 2013 après le tremblement de terre. La même accélération des envois de fonds est observée dans les pays touchés par l’épidémie à virus Ébola. Pour 2014, on estime globalement les flux à 582 milliards de dollars américains. Selon la BM, la baisse du coût global moyen d’envois de fonds de 10 à 7% a permis aux migrants de faire des économies de l’ordre de 54 milliards de dollars américains depuis 2009.                  

Laurent Essolomwa