Amnistie et intégration aux Fardc : plusieurs responsables du M23 non éligibles

Jeudi 19 Septembre 2013 - 17:30

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Le gouvernement de la RDC n’appliquera pas le principe inique d’une responsabilité collective des membres de ce groupe armé quant aux crimes commis tout au long de son existence, a précisé le 19 septembre Lambert Mende Omalanga au cours d'un point de presse.

« Les personnes qui ont participé à plus d’une mutinerie ou mouvement insurrectionnel ne sont pas éligibles au bénéfice d’une loi d’amnistie ou à l’intégration dans les forces armées de la République ». Cette précision de taille a été donnée le 19 septembre par le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. Elle consiste à lever toute ambiguïté en rapport avec l’idée d’une intégration éventuelle des éléments du M23 dans les rangs des Fardc. Le gouvernement entend, par cette dernière sortie médiatique de Lambert Mende Omalanga, à couper l’herbe sous le pied de toux ceux qui, à Kampala où se tiennent les pourparlers avec le M23, veulent inscrire cette option dans les conclusions en gestation. L’amnistie sera sélective et ne concernera pas tout le monde.

Aussi, « les auteurs présumés de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, notamment les meurtres de civils, viols et violences sexuelles et des personnes responsables du recrutement d’enfants soldats ainsi que celles impliquées dans la chaîne de l’exploitation illicite des ressources naturelles de la RDC » ne sont pas également concernés par l’amnistie et l’intégration au sein des Fardc.  Il en est de même des personnes indexées par des sanctions nominatives de la communauté internationale (Conseil de sécurité de l’ONU, États-Unis…), tout comme celles indexées pour violation des droits humains. « Tel est l’esprit dans lequel le gouvernement de la RDC participe ce jour aux pourparlers de Kampala », a déclaré son porte-parole Lambert Mende. Et de révéler que le gouvernement vient d’établir une liste « d’une centaine de commandants, assimilés et hommes de troupes du M23 définitivement non éligibles à l’intégration au sein des Fardc sur un total estimé à plus ou moins 1700 personnes ».

Dans cette liste, a déclaré Lambert Mende, se retrouvent également quelques membres du M23 (huit au total) qui se prévalent indument de la nationalité congolaise. On y retrouve aussi des personnes jugées et condamnées par les cours et tribunaux congolais pour activités criminelles. Ce n’est pas tout. Le porte-parole du gouvernement met également dans le même sac les officiers radiés des rangs des Fardc pour faits d’indiscipline, les personnes indexées par des sanctions nominatives de la communauté internationale (Conseil de sécurité de l’ONU, États-Unis d’Amérique, etc.) et celles accusées de violation grave des droits humains (notamment par les rapports du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme). « D’autres noms pourront suivre au cas où des précisions sur les situations individuelles parviendront au gouvernement », a indiqué Lambert Mende avant d’ajouter que « les bénéficiaires de l’amnistie et de l’intégration au sein des Fardc feront l’objet d’un examen au cas par cas ». Une façon d’amener chaque personne ayant évolué sous le label M23 à assumer ses actes.

Concertations nationales et participation des groupes armés

Lambert Mende s’est longuement étendu sur le sujet en argumentant sur la position du gouvernement de ne pas impliquer les groupes armés et les autres forces négatives à ces assises. Il a démonté un à un les arguments brandis notamment par l’opposition qui trouve aberrant le fait d’exclure les acteurs principaux que sont les groupes armés tout en prétendant mettre fin aux conflits armés à l'est du pays. Tirant les leçons du passé, Lambert Mende craint la reproduction du schéma de mars 2009 qui a vu le gouvernement négocier avec les groupes armés sans parvenir à une solution véritable. « Même l'intégration des rebelles au sein du processus politique n'a pas donné les résultats escomptés », a-t-il fait savoir.

Une démarche qui, d’après lui, a donné naissance à un antécédent des plus fâcheux, à savoir la banalisation ou mieux l’officialisation de la violence des groupes armés comme moyen de régler les conflits d’intérêt dans le pays. « Aussi séduisante soit-elle dans la forme, l'idée d'une participation des groupes armés aux concertations nationales est une mauvaise chose dans le fond car elle enverrait un signal désastreux pour l’avenir de la RDC », a martelé Lambert Mende. Et de préciser que « le gouvernement est plutôt favorable à la participation des anciens groupes armés qui ont cessé de tuer, c'est-à-dire des repentis. Ils sont d’une grande utilité pour la recherche des voies et moyens de la pacification ».

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments du M23 en patrouille