Afrique du Sud : Robert Mugabe appelle à l’arrêt des violences xénophobes

Lundi 20 Avril 2015 - 12:28

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Le chef de l’État zimbabwéen et président en exercice de l’Union africaine, Robert Mugabe, a fustigé le 19 avril « l’horreur » dont sont victimes les étrangers dans ce pays et il a souhaité que les autorités sud-africaines prennent des dispositions qui s’imposent pour l’arrêter.

Le président zimbabwéen a dit que de tels actes doivent plus se reproduire. « Que cela ne se reproduise plus jamais en Afrique ou dans un autre pays. Nos peuples doivent être traités avec dignité sur le continent africain », a martelé Robert Mugabe. « Nous sommes choqués, dégoûtés et avons en horreur ce qui s’est passé à Durban. Des Africains ont été délibérément brûlés à mort par certains membres de la communauté zoulou », a-t-il déploré.

Pour procéder au rapatriement de leurs ressortissants, le Zimbabwe et le Malawi ont affrété des bus à Johannesburg et Durban, la grande ville de la côte du pays où avaient commencé les violences avant de s’étendre dans d’autres villes. Ces attaques xénophobes d’une rare violence contre les étrangers a déjà fait au moins sept morts en trois semaines et quelque 5000 déplacés.

En Afrique du Sud même, le gouvernement critiqué ces derniers temps pour son silence a affiché son volontarisme pour mettre fin à ces violences et arrêter toutes tensions diplomatiques. Il a notamment promis de punir les auteurs de ces violences xénophobes. Cette décision a été annoncée par le ministre sud-africain de l’Intérieur, Malusi Gigaba, lors d’une conférence de presse qu’il a tenue pour faire la lumière sur les dispositions prises par son pays pour endiguer le phénomène.

« Nous envoyons un avertissement sérieux à ceux qui se livrent à des actes de violence publique. Nous vous trouverons et vous aurez à affronter la loi dans toute sa rigueur », a mis en garde le ministre de l’Intérieur. « Il est temps pour l’Afrique du Sud de se dresser, unie, pour endiguer la vague de violence et les actes qui menacent de plonger notre pays dans l’anarchie », a poursuivi le patron de la police, ajoutant que la priorité est de restaurer la paix et l’ordre. Pour ce faire, le ministre a indiqué que des tribunaux spéciaux seront éventuellement mis en place de manière à ce que les responsables des crimes xénophobes soient jugés.

Le ministre de l’Intérieur a brandi ces menaces alors que le Malawi et le Zimbabwe s’apprêtent à rapatrier certains de leurs ressortissants. Les deux pays ont déjà annoncé le rapatriement de leurs ressortissants qui le désirent. Malusi Gigaba a indiqué que 307 personnes ont été arrêtées pour leur participation présumée aux violences xénophobes. Ces violences visent essentiellement les communautés étrangères africaines établies en Afrique du Sud. Les auteurs de ces cruautés accusent les étrangers de s’emparer des emplois disponibles en Afrique du Sud, où environ 40% des jeunes sont touchés par le chômage.

Le ministre de l’Intérieur a, par ailleurs, a assuré que des mesures seront inévitablement prises pour faire face à l’immigration illégale. Il a néanmoins évoqué les avantages de l’immigration qui peut, selon lui, avoir « un effet positif sur l’économie sud-africaine à condition qu’elle soit correctement gérée »

Aux partenaires de l’Afrique du Sud, Malusi Gigaba les a rassurés, précisant que le gouvernement sud-africain va engager « un dialogue » avec les leaders locaux et les acteurs de la société civile pour arrêter la flambée des violences xénophobes. À l’étranger, a-t-il signalé, les ambassadeurs sud-africains ont reçu des instructions pour rencontrer les responsables politiques des pays où ils sont accrédités pour les assurer sur l’action du gouvernement de son pays visant à mettre un terme à ces violences.   

Nestor N'Gampoula