Tony Bolamba : « Le Moco est prêt à affronter les urnes »

Lundi 20 Avril 2015 - 18:45

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Analysant les faits ayant marqué l’actualité politique de ces dernières heures, le président du Mouvement pour le Congo (Moco) informe que son association peaufine déjà ses listes des candidats pour les élections provinciales et locales.

Les Dépêches de Brazzaville : L’actualité politique reste marquée par l’affaire de la fosse commune de Maluku. Votre commentaire à ce sujet. 

Tony Bolamba : Je ne sais pas si c’est un charnier ou une fosse commune. Il faudrait que nous attendions le résultat des fouilles et des recherches pour que nous puissions nous prononcer. Le gouvernement a dit qu’il va effectuer certaines enquêtes pour apporter des éclaircissements dans cette ténébreuse affaire. Nous devons attendre que l’enquête puisse établir les responsabilités s’il y en a. Moi, je fais confiance en la justice de mon  pays. Sinon, je n’aurais pas mené certaines actions en justice contre certaines personnalités qui usurpent la nationalité congolaise. 

LDB : Vous croyez sincèrement en la justice congolaise ? 

TB : Ce que j’attends de la justice de mon pays est qu’elle puisse être très neutre et pas politisée pour le bien de la République et de la Nation. On ne peut bâtir des Républiques solides, des Nations fortes que par la justice. La justice, c’est le béton même d’une République, d’un État. Je souhaiterai que la justice congolaise puisse être libre et indépendante pour le bien de la République et pour la pérennisation de l’État.

LDB : Le gouvernement n’a pas écarté la possibilité d’exhumer les cadavres si cela peut contribuer à la manifestation de la vérité…

TB : Je ne sais pas si cela contribuera à la manifestation de la vérité. En tant qu’Africain, je voudrais suggérer que nous puissions consacrer un jour pour assurer un enterrement digne de nos compatriotes en difficultés matérielles. Nonobstant le fait que nous soyons tous en situation matérielle très difficile, cela ne nous empêche pas en tant qu’africain, de respecter nos morts. Déjà nous sommes tous des indigents parce que nous n’avons pas de politique sociale, économique et rien comme politique établie pour nos populations. Nous sommes une population en détresse. Certes, nous pouvons compter sur la solidarité de nos familles, de nos amis mais il y a plusieurs parmi nous qui n’ont pas cette facilité-là.

LDB : L’opposition a décrété un deuil national de trois jours…

TB : Je ne vois pas pourquoi on doit décréter un deuil national. Il ne faut pas être émotif, un mort est un mort. Je n’y vois pas d’intérêt sinon, on ferait des deuils nationaux tous les jours. La majorité de nos opposants sont peut être des politiciens. moi, je suis un homme d’État. Je suis gêné d’évoquer ce sujet parce que chez nous les Africains, nous prônons la culture de respect des morts. Je refuse de bâtir ma propagande sur la tête des morts. Ce n’est pas dans ma culture.

LDB : Le Moco a-t-il déjà pris le train des élections provinciales et locales ?

TB : Nous sommes en train de peaufiner nos listes définitives des candidats pour les élections provinciales et locales. Nous aurons approximativement en gros treize candidats-députés provinciaux à Kinshasa, Bas-Congo et Équateur. Vu que nous sommes une jeune association, nous évitons, à ce stade, d’avoir une pléthore des candidats. Nous voulons concentrer nos forces là où nous pouvons gagner afin d’améliorer le quotidien des Congolais par des lois que nous proposerons demain au Parlement provincial ou au Sénat.

LDB : La perspective d’un dialogue ne risque-telle pas de tout chambouler ?  

TB : La République est une famille qui nous appartient à tous mais il faut choisir des acteurs qui apportent quand même leur pierre à l’édifice national. Je suis souvent très déçu. Voilà pourquoi je n’assiste pas à ce genre des forums, dialogues ou concertations. Chaque fois qu’il y a ces types d’organisations, certains envoient leurs cousins, fabriquent des associations de toute pièce. Pendant ce temps, ceux qui sont censés s’y retrouver pour traiter des problèmes de fond touchant à la vie du pays et apporter des propositions concrètes sont écartés.

LDB : Est-ce à dire que le Moco est prêt à affronter les urnes ?

TB : Nous sommes fin prêts avec nos listes. Personnellement, j’ai toujours été prêt. Là, j’attends que nos candidats puissent nous amener certaines pièces qui manquaient afin que nous puissions les rassembler et tout mettre en place. Nous sommes en pourparlers avec l’Union pour la Nation dans le but d’établir une liste commune. Les pourparlers ont beaucoup avancé. Trois de nos cadres du bureau siègent dans les commissions qui préparent la réécriture des textes de la Plate-forme parce que l’UN a été créée en 2006 pour soutenir le candidat libéral Jean Pierre Bemba. Aujourd’hui, ce n’est plus la même chose. Ils sont en train de refaire les textes qui nous permettrons d’aller aux élections ensemble. J’espère qu’un compromis sera trouvé pour concrétiser l’alternance dans les deux chambres du Parlement.

LDB : Votre évaluation à mi-parcours de la campagne d'éducation civique menée par le Moco ? 

TB : Je ne serai pas là pour nous jeter les fleurs. J’estime que nous sommes sur la bonne voie. Il y a beaucoup plus de monde qui vient nous rencontrer. Cet engouement est motivé par notre discours qui n’est certes pas nouveau mais constant sur le fond, avec à la clé, la dénonciation des maux qui rongent le pays depuis 18 ans.

LDB : Votre dernier mot ?

TB : Le Moco avait dit qu’il va aligner des candidats à toutes les échéances. Nous allons le faire, nous allons tenir parole. Nous n’allons pas décevoir nos sympathisants et compatriotes qui nous font confiance. Vous le verrez  aux résultats des élections provinciales. Après, nous attendrons les législatives et la présidentielle. Je pense que nous sommes sur la bonne voie pour hisser de nouvelles personnes à l’Assemblée nationale afin de se battre de l’intérieur, proposer des lois, faire des interpellations et pousser l’exécutif à répondre positivement aux attentes de la population.         

 

 

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony Cassius Bolamba