Italie : Raciste, moi ? Et toi-même ?

Jeudi 21 Mai 2015 - 15:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

En Italie, la Ligue du Nord est un parti xénophobe reconnu, mais elle en a visiblement assez d’être traitée de raciste.

Le parti de la Ligue du Nord fait sa mue. Même si le langage reste fortement anti-immigré, il veut désormais ratisser large avec un discours qui veut parler à tous. Déjà, il n’entend plus être prisonnier des inspirations du début, quand son fondateur historique Umberto Bossi réclamait l’indépendance des trois régions prospères du nord de l’Italie (d’où son nom). Pour l’une des rares fois, Matteo Salvini, son nouveau et jeune chef, est même allé faire campagne en Sicile ces jours-ci, laissant au vestiaire la revendication indépendantiste du « nord travailleur » face à « un sud paresseux et corrompu ». Il y a été accueilli à coups d’œufs pourris, mais il y a été quand-même.

La mue, le parti entend la réaliser aussi dans le personnel politique. C’est ainsi que, pour la première fois de son histoire, il a propulsé au-devant de la scène « son » Noir de service. Le Nigérian Toni Iwobi, 38 ans de présence en Italie et une virulence contre les immigrés et les étrangers à faire pâlir les vitupérants vétérans de service. Responsable de sécurité du parti à la section lombarde, sa hargne contre « l’invasion des clandestins » en Italie n’a d’égale que sa visibilité obligée au fil des meetings !

Mais cela ne suffisait pas encore. La Ligue du Nord est aujourd’hui montée au créneau contre…le racisme. Si, si : le racisme. Elle est allée en guerre contre un coiffeur africain à Padoue, en Vénétie, qui a eu l’idée saugrenue d’afficher : « Coupe de cheveux : Black, 6 euros – White, 10 euros ». La Ligue hurle à une discrimination frisant la provocation éhontée.

Son représentant local, Fabrizio Boron, a même fait donner la police tandis qu’un autre écrivait sur sa page Facebook : « pas d’apartheid à Padoue ». Boron, en course pour les prochaines élections régionales, entend mettre les points là où il faut : «Nous, on est contre le racisme. Celui qui nous est opposé sur ce point, c’est lui le (la) raciste ». Cqfd !

 

Lucien Mpama

Notification: 

Non