Pollution : l’Italie inscrit la question comme délit dans son arsenal juridiqueMardi 26 Mai 2015 - 16:15 Les organisations humanitaires appellent à étendre la portée de la loi aux activités criminelles à l’étranger, pour veiller notamment sur le Bassin du Congo. A l’échelle de l’Italie, c’est une révolution. Depuis le 22 mai, polluer devient passible de peines d’amendes lourdes et même de prison pour les cas les plus graves. Symbole fort et double : la loi a été votée à une date où l'on célèbre la journée de l’ONU sur la biodiversité, c’est-à-dire à la veille du 23 mai, date où toute la péninsule célèbre la Journée nationale contre la mafia. La criminalité organisée, dont le sud est devenu le fief emblématique, s’est aussi faite une spécialité dans le déversement dans des sites improvisés, et même dans l’exportation vers l’Afrique, des déchets toxiques ou non. C’est un 23 mai, en 1992, que la mafia sicilienne organisa l’attentat qui est resté dans les annales de l’histoire italienne comme le plus audacieux, contre le juge anti-mafia Giovanni Falcone, sa compagne et ses gardes du corps à Capaci. La mafia de Cosa Nostra revendiqua l’assassinat. Tout comme celui, un peu plus d’un mois plus tard d’un autre juge, Paolino Borsellino, toujours dans des actions spectaculaires ensuite revendiquées par les organisations mafieuses du sud italien. L’adoption d’une loi spécifique contre la pollution était attendue depuis des années. Sa formulation, son étendue et son contenu général ont été plusieurs fois retardés de publication et de formulation. Mais c’est une quasi belle unanimité, politiquement transversale, qui a salué son adoption par les élus de gauche comme de droite. Le pays revient de loin, exultent les associations écologistes ; il va peut-être désormais faire face à un phénomène très répandu autour de la région de Naples. Plus précisément autour du volcan du Vésuve, en effet, brûlent des feux en continu qui mêlent leurs fumées empuanties à celles du célèbre volcan. Il s’agit de foyers allumés de nuit par des mafieux qui viennent déverser des déchets à la sauvette et y mettent ensuite le feu. Le tout devant l’impuissance des autorités qui, éteignant un feu ici en retrouvent trois autres allumés quelques kilomètres plus loin. Au point que les Italiens ont appelé cette zone « terra dei fuochi » (terre des feux, dans une allusion aussi à la Terre de Feu, bande de terre découverte par Magellan en 1520 à l’extrême sud entre l’Argentine et le Chili). Les scientifiques affirment, donnés à l’appui, qu’autour du Vésuve les différents types de cancers sont plus élevés que partout ailleurs en Italie. Même les légumes qui y sont cultivés, les fruits qui y sont cueillis, sont littéralement saturés de produits dangereux et polluants. C’est que, quand les déchets ne sont pas brûlés ou exportés, ils sont tout simplement enfouis à la sauvette ! Dans le contexte de l’adoption de la loi contre la pollution, une association de volontaires a lancé un appel pour que l’Italie saisisse cette occasion pour se montrer plus soucieuse de préservation de la biodiversité, dans les déserts et surtout dans le Bassin du Congo, deuxième poumon à oxygène de la planète. « Libera », une association écologiste, appelle à une responsabilité partagée pour veiller « à ce cœur vert du monde ». Lucien Mpama Notification:Non |