Immigration : A la recherche de la solution panacée

Mardi 26 Mai 2015 - 14:45

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Bonnes intentions et humanisme généreux sont loin de faire l’unanimité parmi les européens comme parade contre les flux migratoires, surtout vers l’Italie. Analyse.

Comme on sait, l’Italie est en première ligne dans la question des flux migratoires vers l’Europe. Il ne passe pas de jour qu’elle ne voit débarquer sur ses côtes des dizaines et des centaines de migrants, candidats intrépides dans un voyage pavé de morts. Ce week-end encore, cinq migrants craignant d’être arrêtés par la marine égyptienne ayant intercepté leur bateau en Méditerranée, ont sauté à l’eau. Ils y ont péri noyés. Ils étaient « africains » (sans spécification) et se dirigeaient vers l’Italie, selon les témoignages des survivants recueillis par les garde-côtes. Scène de vie devenue courante, hélas ! Que faire pour stopper ces flux ?

Une inflation de réponses et de propositions est notée, surtout après la noyade de près de 800 clandestins africains le 19 avril dernier à quelques encablures des côtes siciliennes. Mais une seule unanimité pour le moment : il faut absolument stopper cette tragédie sans fin. Réunis à Bruxelles ensuite, les ministres européens se sont prononcés pour cibler de préférence les trafiquants qui se font une prospérité éhontée sur le désespoir de pauvres hères. Leur business génèrerait quelque 6 milliards de dollars par an, selon les estimations basses d’organisations humanitaires.

Une idée qui perdure tout en étant fortement critiquée par ailleurs est celle de mener des opérations de sabotage contre les bateaux de ces trafiquants à leur départ sur les côtes libyennes d’où ils partent souvent. Plus facile à dire, très compliqué à réaliser en raison de la complexité de la situation. Comment faire la distinction entre un bateau d’innocents pêcheurs et un instrument de transports mafieux ? Par ailleurs, la Libye peut (a déjà) arguer de sa souveraineté contre un acte de guerre, un de plus, sur son sol et sans sa volonté. Lundi, l’Italienne Federica Mogherini, commissaire européenne aux Affaires étrangères, a convenu que cette hypothèse ne pouvait être la panacée.

Elle recevait à Rome le Prix 2015 de l'Institut d'études de politique internationale (Ispi) et « planchait » sur la manière d’affronter au mieux le terrorisme de l’Etat islamique en Syrie et en Irak. Comme on sait, cette organisation terroriste a d’ores et déjà étendue sa zone d’influence à la Libye, proche de l’Italie. Des indices commencent même à émerger confirmant sa menace d’infiltrer des djihadistes parmi les clandestins qui entreprennent chaque jour la traversée de la Méditerranée. La réponse militaire est une « réponse nécessaire mais pas unique », a estimé Mme Mogherini. « Je suis convaincue que la solution ne pourra être que régionale (…), construire des solutions qui présentent des avantages pour tous, des solutions gagnant-gagnant ». Bref, il faut affronter les causes des guerres et du sous-développement.

Mais chaque jour qui passe démontre la complexité du problème. Car il n’est même plus sûr aujourd’hui que les fondamentalistes musulmans ne soient engagés que dans un voyage linéaire sud-nord. Le journal The Guardian a ainsi révélé dimanche que de plus en plus de combattants djihadistes quittant la Grande-Bretagne passaient en réalité par la France et l’Italie pour gagner la Libye. C’est leur terre de destination finale, le khalifat proclamé par l’Etat islamique, une menace aux portes de l’Europe.

Il faut que la Méditerranée retrouve son rôle premier de mer de prospérité, a soutenu samedi à l’Exposition universelle de Milan, l’ambassadeur du Maroc en Italie. Hassan Abouyou a rappelé que « de toujours, notre histoire est une histoire commune. Nous avons partagé la civilisation de l’Andalousie avec l’Europe, le monde arabe et africain. Pendant 800 ans, cette histoire a été un modèle de coexistence religieuse, culturelle et identitaire », a-t-il affirmé. C’est peut-être ce contre quoi l’Etat islamique veut précisément diriger sa hargne.

Lucien Mpama

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