Italie : l’Afrique, au coeur de la stratégie de son développement

Pour le premier ministre italien Matteo Renzi, il y a au moins deux raisons de se tourner plus résolument vers l’Afrique aujourd’hui. Continent de toutes les opportunités économiques, l’Afrique jouit d’une proximité géographique avec l’Italie qui en fait presqu’une partenaire obligée. En juillet de l’an dernier, M. Matteo Renzi l’avait souligné dans les trois étapes d’une première tournée d’un dirigeant italien de ce rang au Mozambique, au Congo-Brazzaville et en Angola. Mais les affaires sont une chose, la politique en est une autre. A moins de considérer l’une par le biais de l’autre. Et c’est là la deuxième raison de la grande attention que M. Renzi fait à ce continent ces jours-ci.

L’Italie est actuellement prise dans la complexité des phénomènes migratoires qui viennent jeter littéralement sur ses côtes migrants vivants ou morts à partir de la voisine Libye. Or la soupape libyenne a sauté depuis l’assassinat du colonel Kadhafi qui, bon gré mal gré, était en quelque sorte le vigilant gardien de la digue. C’est pourquoi l’Italie s’emploie à soutenir tous les efforts visant à ramener le calme en Libye, pays distant de seulement 300 kilomètres (la distance de Brazzaville-Dolisie) de ses côtes. Mais en même temps, il entend dialoguer avec les dirigeants des pays d’où partent le gros des flux de migrants clandestins, Somalie, Ethiopie mais aussi Egypte principalement.

Et, pour couper l’herbe sous le pied de ceux des populistes qui soutiennent qu’une bonne coopération est celle qui garde le migrant dans son pays par un travail décent et un environnement de respect à la personne, M. Matteo Renzi a attiré l’attention sur le barrage géant qu’une entreprise italienne construit sur le Nil, côté éthiopien. L’ouvrage représente plusieurs milliers d’heures de travail pour les jeunes éthiopiens trop enclins à courir vers les embarcations de fortune pour fuir la misère dans le pays. « L’Italie revient sur la scène mondiale », a-t-il proclamé au Kenya mercredi.

Devant un parterre de centaines d’étudiants à l’université de Nairobi, M. Renzi a parlé d’un destin partagé, mais aussi d’une prise de responsabilité de la jeunesse africaine elle-même. « Aujourd’hui, parmi les moyens de communication que nous utilisons, il y a Twitter. Mais sur Twitter, nous sommes tous des followers (ceux qui suivent). Soyez des guides, pas des followers. Je souhaite que vous viviez votre vie dans une dimension projetée vers le futur », a-t-il dit aux jeunes kenyans. Il a confirmé son ambitieux objectif de placer l’Italie au 4è poste des pays du G-7 pour l’investissement dans la Coopération au développement à l’horizon 2017. Donc dans moins de deux ans.