Migrants : la voie italienne louée ; la voix du pape acclamée

Samedi 7 Mai 2016 - 12:35

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Les principaux responsables européens se sont retrouvés jeudi à Rome pour parler d’immigration, avant de décerner le Prix Charlemagne au pape vendredi.

C’est le gotha européen qui a fait de Rome jeudi et vendredi derniers la capitale de l’Europe, et discuté de la crise migratoire. Autour du Premier ministre italien Matteo Renzi, la chancelière allemande Angela Merkel ; le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker ; le président du Conseil européen Donald Tusk et le président du Parlement européen, Martin Schulz. Ils se sont retrouvés dans la salle du musée du Capitole (où fut signé le traité de Rome, qui fonda l’ancêtre de l’Union européenne en 1957) pour parler surtout des questions connexes aux flux migratoires.

Depuis le début de l’année, plus de 28.500 migrants sont arrivés en Italie redevenue la principale porte d'entrée méditerranéenne depuis la fermeture de la route des Balkans et l'accord controversé sur le renvoi vers la Turquie des nouveaux arrivants en Grèce. L’inquiétude italienne est doublée de la crainte que les nouveaux arrivants choisissent l’Italie, non comme pays de transit comme cela était la tendance jusqu’ici, mais comme point d’ancrage définitif. D’où le constat du ministre de l’Économie, Pier Carlo Padoan, qui estime que la crise migratoire a changé « de nature ».

Un système européen de répartition des migrants imaginé par l’Union européenne ne fonctionne pas vraiment même sous la menace de lourdes sanctions. L'Italie propose donc un plan dit de « Migration Compact », qui met l'accent sur l'aide aux pays d'origine et sur la coopération avec les pays de transit, en visant par exemple un accord avec la Libye sur le modèle de celui conclu avec la Turquie. Pour le HCR, le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés, il s’agit là d’une bonne idée qui marque le passage « d'une approche de l'urgence à une approche structurée, qui planifie et pense à l'intégration ».

Les dirigeants européens se sont ensuite retrouvés vendredi, au Vatican, où ils sont venus remettre au pape François le Prix Charlemagne. Il s’agit d’une distinction qui récompense chaque année « une contribution exceptionnelle à l'unification européenne » ; décernée au pape pour « son encouragement et son message d'espoir pour la paix et le vivre-ensemble » en Europe, a expliqué en décembre la ville allemande d'Aix-la-Chapelle où le prix est habituellement remis. Le pape avait demandé et obtenu qu’il lui soit remis au Vatican.

Dans la Salle royale, au Vatican, le pontife argentin a invité les Européens « aujourd'hui plus que jamais, à construire des ponts et à abattre des murs ».« Que t'est-il arrivé, Europe humaniste, paladin des droits de l'Homme, de la démocratie et de la liberté ? », a-t-il demandé, avant de recommander de ne pas se contenter de « retouches cosmétiques ou de compromis bancals » dans le processus de relèvement moral de la vieille Europe. « L'identité européenne est, et a toujours été, une identité dynamique et multiculturelle », a-t-il rappelé.

Face à la crise de solidarité qu’elle traverse, « aujourd’hui plus que jamais,  l'Europe a besoin de citoyens courageux… Nous retrancher dans nos petites zones de confort n'est pas une solution ». L’Eglise catholique doit apporter sa part à cette reconstruction du dedans de l’homme. Elle « peut et doit contribuer à la renaissance d’une Europe affaiblie, mais encore dotée d’énergie et de potentialités. Son devoir coïncide avec sa mission : l’annonce de l’Évangile, qui aujourd’hui plus que jamais se traduit surtout par le fait d’aller à la rencontre des blessures de l’homme… Dieu désire habiter parmi les hommes, mais il ne peut le faire qu’à travers des hommes et des femmes qui (…) soient touchés par lui et vivent l’Évangile, sans chercher autre chose  ».

Migrants : Turin lance son premier journal télévisé tzigane

La capitale du Piémont italien offre le premier espace télévisé aux migrants Roms

Le premier journal télévisé présenté par des Rom (aussi appelés parfois « tziganes » ou « Romanichelles ») a été programmé aux éditions régionales de la télévision publique italienne du Piémont samedi. « TG-Rom » (journal télévisé Rom) est la première expérience de ce genre en Italie et pourra être captée, via le satellite, en Roumanie, en Serbie et au Monténégro en plus de l’Italie.

Un journal d’immigrés pour briser les stéréotypes a déjà été tenté par le passé. Rappelons que l’ancien député congolais (Brazzaville) Jean-Léonard Touadi ainsi que l’intellectuelle capverdienne Maria de Lourdes Jesus ont fait leurs débuts dans ce genre ; ayant été les premiers à chercher à rendre visibles les immigrés en Italie. Leur émission, Non solo Nero (Noir, mais pas seulement), fut parmi les programmes traditionnels du matin sur la chaîne de télévision publique Rai, depuis Rome.

Aujourd’hui, les immigrés ont disparu de la télévision italienne en tant que producteurs, journalistes ou présentateurs. Même le plus ancien d’entre eux, l’Italo-congolais (Kinshasa) Fidèle Banga Bauna qui aimait à se présenter comme « l’homme noir de la Rai », n’y fait plus que des apparitions espacées. Ses déconvenues en politique semblent avoir eu raison de son allant reconnu.

Lucien Mpama

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