Dario Fo s’en est allé le jour d’attribution du Prix Nobel de littérature

Samedi 15 Octobre 2016 - 15:48

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Le Prix Nobel italien de littérature 1997 s’est éteint jeudi matin à 90 ans. Pluie d’hommages de toute l’Italie réconciliée autour de son œuvre prolifique.

C’est la ville de Milan, devenue au fil des ans sa ville, qui a concentré dès jeudi l’essentiel des manifestations officielles autour de la mémoire de l’écrivain, dramaturge et comique Dario Fo. Son entourage a fait savoir que l’homme, connu autant pour son œuvre polysémique que pour ses chamailleries avec une classe politique qui eut du mal à le dompter est décédé au milieu de sa famille, en chantant. L’écrivain Erri de Luca a estimé jeudi que Dario Fo « le prix Nobel le plus joyeux de tous les temps est décédé aujourd'hui. A la place d'une larme nous lui devons un sourire ».

Pour sa part, le Premier ministre Matteo Renzi a souligné qu’ « avec Dario Fo, l'Italie perd un des grands protagonistes du théâtre, de la culture, de la vie civile de notre pays. Son œuvre satirique, sa recherche, son travail scénique, son activité artistique aux multiples facettes sont l'héritage d'un grand Italien du monde ». Un propos que n’a pas démenti à travers l’Europe et l’Amérique le chœur des louanges dans les médias et les cercles littéraires et artistiques. Et cela d’autant plus que le décès de l’homme est intervenu, tel un fait exprès, le jour même où l’Académie des Nobel décernait son Prix de cette année à un autre personnage atypique, le musicien américain Bob Dylan.

 « Je ne crains pas la mort mais je ne suis pas en train de la courtiser non plus. Si tu as bien vécu, c'est la juste conclusion de la vie », a-t-il affirmé dans une interview récente. Dario Fo se déclarait « athée convaincu » mais ne cessait de flirter avec l’idée de l’immanence, vouant une admiration sans bornes à saint François d’Assise pour son choix de se faire pauvre parmi les riches. Ses ouvrages avaient ce goût de souffre qui en faisaient dessiner dès l’abord la prise de position iconoclaste : "Le mystère Bouffe" ("Mistero buffo") en 1969, mais aussi "La mort accidentelle d'un anarchiste", "La marijuana de maman est la meilleure", "Couple libre" ou "Faut pas payer!" sont quelques-uns des titres reconnus.

Des dizaines de Milanais ont défilé vendredi devant son cercueil dans un petit théâtre de la ville. Décor dépouillé à souhait : cercueil sur un tréteau, une photo sur l’estrade, c’est tout. Contraste saisissant avec la notoriété d’un homme que sa mort a restitué à une postérité que lui niaient les tiraillements de la classe politique italienne. C’est samedi que Dario Fo devait recevoir les derniers hommages de Milan, la ville qui a décrété une journée de deuil. La Lombardie dont Milan est la capitale vit la naissance de Dario Fo Né le 24 mars 1926. Il se lança ensuite dans le théâtre dès le début des années 1950 après avoir abandonné ses études d'architecture.

Lucien Mpama

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