Mandela, la lutte contre l’apartheid et le Congo

Samedi 7 Décembre 2013 - 9:48

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L’icône mondiale de la lutte pour la libération des peuples opprimés, la dignité et les droits des hommes, Nelson Mandela, est mort alors que le Congo s’apprête à célébrer le vingt-cinquième anniversaire du Protocole de Brazzaville signé le 13 février 1988 et qui a ouvert la voie à la libération des pays de l'Afrique australe et la fin de l'apartheid

À en juger par cet acte et par d’autres, la capitale congolaise peut, à bien des égards, revendiquer sa place de fer de lance de la lutte contre l’apartheid et de la libération du plus célèbre prisonnier politique du siècle passé. Comme en témoigne ce fameux protocole qui scella les acquis de longues négociations entre Cuba, l’Angola et l’Afrique du Sud sous la médiation des États-Unis d’Amérique et ouvra la voie à la signature, le 22 décembre de la même année, des accords de New York sur la paix en Afrique australe. Les retombées de cette signature sont nombreuses et importantes ; entre autres, la fin de l’apartheid, l’avènement de la nouvelle Afrique du Sud et la libération de Nelson Mandela. Mais, que d’efforts de négociation, de combat, de sanctions, etc. pour en arriver là. Et le Congo, ses dirigeants, son peuple, n’y ont pas ménagé  leur volonté et leur détermination.

Le président Denis Sassou N’Guesso qui dirigea l’Organisation de l’unité africaine entre juillet 1986 et juillet 1987 avait lui-même fait de l’éradication de l’apartheid sa priorité. Par son leadership, la dénonciation de cette politique au sommet de la discrimination et du rejet de la différence a été portée dans les plus hautes sphères de la politique internationale. « Nous devons nous ressaisir, non pas pour redoubler d’invectives contre le régime de Pretoria, mais pour agir contre lui, toujours et partout… », appelait-il en juillet 1986, à la tribune de l’Unité africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie. Avant d’ajouter : « Si nous, Africains, faisons de la lutte contre l’apartheid une constante de notre diplomatie, le fer de lance des relations internationales de nos États, la condition sine qua none de notre coopération avec les autres, alors les amis que nous avons par le monde, les pays avec lesquels nous traitons, considéreront différemment l’enjeu sud-africain. » Cet appel, comme en témoigne l’histoire récente, a été entendu et suivi d’effets spectaculaires. Après le protocole de Brazzaville et l’accord de New York en décembre 1988, des sanctions internationales avaient été adoptées et renforcées contre le régime raciste sud-africain, l’apartheid aboli et Nelson Mandela libéré de prison le 11 février 1990.

C’est à juste titre qu’un an après, jour pour jour, il célébrera cette libération le 11 février 1991 à Brazzaville,  où il rendait un grand hommage au peuple du Congo et à son dirigeant pour leur soutien affirmé à la cause des luttes de libération de l’Afrique australe. Du séjour Brazzavillois de Madiba, le président Sassou N’Guesso garde sans doute de mémorables souvenirs qu’il partage, autant que faire se peut, avec les lecteurs de son Parler vrai pour l’Afrique : « Ce soir-là, écrit-il, à l’issue du banquet donné à la présidence, à Brazzaville, il était près de minuit, Nelson s’est mis à danser sur la musique ! Myriam Makeba qui était présente, prise soudain par l’émotion, a fondu en larmes. Se tournant vers moi, elle m’a dit : “C’est la première fois qu’il danse depuis qu’il a été libéré !” »

Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

Photo : Denis Sassou N'Guesso et Nelson Mandela, Brazzaville, février 1991. (© DR)