Vatican : une lettre de fin de jubilé qui divise

« Un tas d’idioties », « de foutaises journalistiques ! ». Jamais sans doute un officiel du Vatican ne se sera exprimé en des termes aussi crus après des articles parus dans les médias. Le coup de colère de Mgr Rino Fisichella, le responsable au Vatican de toutes les activités organisées durant l’année du jubilé qui s’est clôturée dimanche en grandes pompes, est destiné à des journaux italiens comme Il Tempo. Au lendemain de ce jubilé, le quotidien romain a titré, perplexe devant une décision du Saint-Père : « Avortez, (parce que) le pape finira par vous pardonner ? ».

Le journal ramassait dans une formule quelques interrogations surgies dans l’opinion après la publication lundi, au Vatican, de la lettre de clôture de ce jubilé et intitulée «Misericordia et Misera » (Miséricorde et pauvreté), et dans laquelle le pape rappelle que la miséricorde, pardon reçu et accordé, ne peut être une parenthèse dans la vie du chrétien. L’année du jubilé s’est clôturée, mais c’est maintenant qu’il faut maintenir grande ouverte la porte du cœur pour y faire entrer le Christ et vivre son expérience d’amour pour soi et pour les frères, rappelle le pape François.

Mais dans sa lettre apostolique, il accorde aussi, comme il est de tradition dans l’Eglise catholique, des indulgences plénières et le pardon à certains types de situations. « Pour qu'aucun obstacle ne s'interpose entre la demande de réconciliation et le pardon de Dieu, je concède à tous les prêtres, à partir de maintenant, en vertu de leur ministère, la faculté d'absoudre le péché d'avortement », a écrit le pape dans cette  lettre apostolique. Une mesure qui a suscité débats et polémiques.

Alors que des médias ont titré sur un avortement « qui ne serait plus un péché mortel au sein de l’Eglise » après cette lettre, des théologiens de renom sont montés au créneau pour repréciser qu’il n’en était pas ainsi. « Ce sont des idioties de journaux ». Mgr Fisichella ne décolère pas, alors que le propos du pape a été on ne peut plus clair selon lui. Celui-ci précisait, en effet : « Je voudrais redire de toutes mes forces que l'avortement est un péché grave, parce qu'il met fin à une vie innocente. Cependant, je peux et je dois affirmer avec la même force qu'il n'existe aucun péché que ne puisse rejoindre et détruire la miséricorde de Dieu quand elle trouve un cœur contrit ».

Dans cette lettre aussi, le pape prend une autre mesure qui fait parler. Par souci de n’exclure personne du pardon de Dieu, le chef de l’Eglise catholique a décidé de prolonger la validité des absolutions délivrées par les prêtres intégristes du schisme amenés par l’évêque français Marcle Lefèbvre. Au début des années 1960, ce groupe de prêtres (aujourd’hui basé en Suisse) s’était détaché de l’Eglise catholique pour protester contre les réformes introduites par le Concile Vatican II, notamment celle de célébrer la messe face au public ou de chanter la liturgie dans les langues autres que le latin.