« Affaire Kyenge »: le député Borghezio sommé de répondre aux accusations à l’Assemblée

Jeudi 12 Janvier 2017 - 17:22

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La justice italienne a engagé le volet judiciaire d'une affaire qui a valu au parlementaire européen la levée de son immunité.

L’affaire remonte au 29 avril 2013. Le député Mario Borghezio, membre du mouvement xénophobe de la Ligue du Nord, s’en était violemment pris à l’Italo-congolaise Cécile Kyenge Kashetu, nommée la veille ministre de l’Intégration. C’est la première noire d’origine africaine (Rd Congo) à avoir jamais été nommée dans un gouvernement italien. La Ligue s’était littéralement déchaînée contre une nomination qui rompait avec des traditions de purisme.

Et pendant une année les attaques personnelles contre « la Kyenge », comme on dit en Italie, avaient doublé en fréquence et gagné en pesante gravité, venant de presque toutes parts. M. Borghezio s’en était littéralement donné à cœur-joie, si on peut dire, allant jusqu’à mettre en cause le statut de personne humaine de la ministre. Mais les faits qui relancent le volet judiciaire de cette affaire sont dans des propos spécifiques. Le parlementaire  les avait tenus au micro de la radio du patronat italien.

« Les Africains sont africains et appartiennent à une « ethnie » (sic) très différente de la nôtre ». Et encore : « Nous ne sommes pas congolais, nous avons une (pratique du) droit ultra-millénaire ». Ou encore : « Kyenge est médecin ; mais dans un hôpital nous lui avons donné le poste qui a été enlevé à un médecin italien ». Ce florilège non exhaustif a conduit le Parlement européen à lever l’immunité parlementaire de M. Borghezio. Car « par leur ton », ces affirmations s’apparentent à la diffusion d’idées « fondées sur la haine raciale et ethnique ».

Le député devra répondre le 6 avril prochain du sens de ces affirmations au Parlement, à Rome. Le volet judiciaire de cette affaire, a expliqué jeudi Me Piero Basilone, juge à la 4è section pénale du Tribunal de Milan, se fonde sur les motivations retenues par le Parlement européen pour lever l’immunité de M. Borghezio. La loi 85/2006 punit de peines sévères tout acte de discrimination raciale en Italie. Cécile Kyenge, entretemps élue députée au Parlement européen, s’était constituée partie civile.

Lucien Mpama

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