Centrafrique : Michel Djotodia limoge trois ministres et se dit ouvert au dialogue avec les « anti-balaka »

Lundi 16 Décembre 2013 - 13:31

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Après avoir limogé dimanche trois membres de son gouvernement - le pasteur Josué Binoua (Sécurité publique), Christophe Bremaïdo (Finances et budget) et Joseph Bendounga (Élevage) -, le président de transition a assuré, le 16 décembre, être ouvert au dialogue avec les milices opposées aux ex-rebelles Séléka qui l’ont porté au pouvoir

« Je suis pour la paix et je veux que les Centrafricains et les Centrafricaines s'entendent, que les fils et les filles de Centrafrique s'asseyent et discutent. Ce que nous vivons aujourd'hui, c'est l'accumulation de tous les conflits depuis trente ans », a déclaré Michel Djotodia qui attribue les violences de ces derniers jours aux « anti-balaka » (anti-machettes). Il a rejeté la responsabilité des violences qui secouent la Centrafrique sur l’ancien président, François Bozizé, qui, selon lui, avait « distribué des machettes à la population » avant sa destitution.

Selon l’ONU, à Bangui, la capitale, comme dans d’autres villes du pays, les affrontements interreligieux ont fait, depuis le 5 décembre, plus de 600 morts et de nombreux déplacés. C’est dans ce contexte dramatique que les trois ministres ont été démis de leur fonction. Une source proche du pouvoir a indiqué qu’ils ont été « limogés parce qu'on ne sait pas où ils sont. Ils ne gouvernaient plus. » Le directeur du Trésor et de la Comptabilité publique a été aussi démis de ses fonctions. Sur « instruction présidentielle », « tous les mouvements sur les différents comptes du Trésor public sont suspendus jusqu'à nouvel ordre. »

Les autorités centrafricaines accusent le ministre de la Sécurité publique (l’équivalent du ministre de l’Intérieur) de détention d’armes illégales. Réagissant à cette mesure, Josué Binoua, qui se trouvait en France, a déclaré : « La décision de me démettre ne me surprend pas. […] Je ne pouvais pas rester en Centrafrique en raison de menaces sur ma personne. » Cet ancien candidat à la présidentielle de 2005 a indiqué que toutes les armes retrouvées à son domicile étaient répertoriées et destinées à des agents de la sécurité publique.

Selon le porte-parole du gouvernement, Guy-Simplice Kodégué, le ministre des Finances a été limogé en raison de son absence prolongée durant la crise. Certains observateurs relèvent que Christophe Bremaidou a été remercié en raison de la situation économique catastrophique du pays, l'État centrafricain étant constamment au bord de la cessation de paiement.

Sur le plan militaire, Paris envisage de demander « un concours plus solide » à ses partenaires européens pour renforcer l’opération Sangaris déclenchée le 5 décembre, et visant à mettre un terme à l’anarchie et aux violences en Centrafrique.

En attendant que les États qui ont annoncé un appui logistique et que d’autres s’engagent aux côtés de la force française et de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a demandé aux dirigeants religieux et aux responsables locaux musulmans ou chrétiens du pays « de se faire messagers de la paix » et de ne pas laisser les auteurs de violences « diviser ce qui était uni ».

« Je demande aux autorités de transition de protéger les populations et de prévenir de nouveaux conflits. Et pour tous ceux qui voudraient commettre des atrocités ou des crimes contre l'humanité, j'ai un message clair : le monde vous observe et vous aurez à répondre de vos actes », a-t-il averti dans son message radiophonique.

Outre des pertes matérielles et en vies humaines enregistrées à Bangui et dans d’autres villes, les troubles qui secouent la Centrafrique ont provoqué au cours de la dernière semaine, un afflux de personnes dans les pays voisins. La République démocratique du Congo a vu arriver près de 1 800 réfugiés sur son sol en provenance de Bangui, Zongo et de Libenge. Avec ces nouveaux arrivants, la RDC compte désormais 47 000 réfugiés centrafricains. La République du Congo voisine enregistre quant à elle quelque 10 500 ressortissants centrafricains.

Nestor N'Gampoula