Burundi : les Nations unies dénoncent la répression des milices du régime

Mercredi 27 Juin 2018 - 12:45

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La Commission d’enquête de l’ONU sur le pays a condamné, le 27 juin, les exactions enregistrées lors des élections référendaires de mai dernier, attribuées à la ligue des jeunes du parti au pouvoir (Imbonerakure).

Pour l’une des enquêtrices, Lucy Asuagbor, qui s’exprimait devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le groupe des jeunes de l'Imbonerakure, qualifié de milice, est effectivement le principal responsable des exactions commises durant la récente campagne référendaire. Ces violations « identifiées par la Commission durant la campagne référendaire sont principalement l’œuvre d’Imbonerakure agissant avec la complicité et, ou l’aval d’agents étatiques, ou de leur propre initiative sans être inquiétés », a-t-elle déclaré.

Lucy Asuagbor a déploré le fait que « les Imbonerakure quadrillent le pays, renseignent les instances étatiques (...) sur la présence d’opposants réels ou supposés dans chaque localité et sur chaque colline, harcèlent, contrôlent et intimident la population ». Les Imbonerakure mènent également « des opérations de police hors du cadre prévu par la loi et procèdent à des campagnes de recrutement forcé au sein du CNDD-FDD (parti au pouvoir, ndlr) ou dans leurs rangs – ces campagnes donnant lieu, dans plusieurs cas, à des actes de torture ou des mauvais traitements », a-t-elle relevé. L’enquêtrice a, par ailleurs, dénoncé le fait que les Imbonerakure ont été mobilisés pour collecter de force des contributions pour les élections de 2020.

Une autre enquêtrice, Françoise Hampson, a dit que l’annonce du chef de l’État de ne pas briguer un autre mandat « ne doit en aucun cas occulter le contexte dans lequel s’est déroulée la campagne pour le référendum qui a conduit au changement de la Constitution au Burundi ». Elle a cité des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des actes de torture visant des opposants au projet de Constitution et plus généralement toute personne perçue comme étant en opposition au gouvernement.

Fin mai dernier, les Burundais avaient, sans surprise, largement approuvé par référendum une réforme de la Constitution qui permettrait à l’actuel président, Pierre Nkurunziza, de rester en poste jusqu’en 2034. Mais début juin, ce dernier a surpris l’opinion nationale et internationale en annonçant qu’il ne serait pas candidat à sa succession en 2020.

D’après les estimations de la Cour pénale internationale qui a ouvert une enquête sur les violences ayant accompagné la crise politique au Burundi, au moins mille deux cents personnes en sont mortes et plus de quatre cent mille se sont réfugiées dans d’autres pays entre avril 2015 et mai 2017.

La Commission d’enquête de l’ONU n’est pas reconnue par le Burundi, qui lui interdit de venir sur son territoire. Pour mener ces enquêtes, cette instance conduit donc des entretiens, en tête-à-tête ou à distance, avec des Burundais en exil ou résidant dans leur pays. Son rapport final doit être publié en septembre.

Cette Commission d’enquête « est devenue une caisse de résonance de toutes les forces négatives », a réagi l’ambassadeur burundais auprès de l’ONU à Genève, Renovat Tabu, qui rejetait ces accusations. Le Burundi « se réserve le droit de traduire en justice tout diffamateur, fût-il ou non membre de cette Commission », a-t-il menacé.

 

 

Nestor N'Gampoula

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