30-juin : la manifestation de Lamuka étouffée par la police

Lundi 1 Juillet 2019 - 20:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le général Sylvano Kasongo, commissaire provincial de la police ville de Kinshasa, a déclaré que ses éléments ont agi conformément à la décision du gouverneur portant interdiction de la marche.

 Les leaders de la plate-forme Lamuka et leurs bases respectives étaient dans la rue, dimanche à Kinshasa, comme ils l’avaient promis.  Ils tenaient à manifester pour exiger le respect de la volonté du peuple, la fameuse « vérité des urnes », et pour dénoncer les antivaleurs qui gangrènent le pays,  dont la corruption. Cependant, le hic dans cette manifestation a été son interdiction par l’autorité urbaine. La demande d’autorisation introduite par les organisateurs n’avait pas eu le quitus du numéro un de la ville de Kinshasa, le gouverneur Gentiny Ngobila. Il a évoqué le caractère sacré de la journée de commémoration nationale censée être respectée par l’ensemble des Congolais.

Bravant l’interdit, Martin Fayulu et Adolphe Muzito, deux leaders de Lamuka, étaient aux premiers rangs des manifestants qui se sont rassemblés, tôt le matin, au niveau de Pascal, sur le boulevard Lumumba, dans la commune de Masina. C’est là où les deux acteurs politiques et leurs affidés ont entamé leur procession dont le point de chute était la place Echangeur de Limete, sur fond des slogans hostiles au pouvoir en place, balancés à tout vent par leurs partisans. La procession a été arrêtée au niveau de quartier I, dans la commune de Ndijili, où un important dispositif policier était mis en place. Gaz lacrymogènes, tirs de sommation, jets de pierre contre les forces de l’ordre, passage à tabac de certains quidams, etc.

Bref, c’est dans la débandade et la confusion que la marche a été stoppée. Pour la police, il fallait faire respecter les instructions du gouverneur. Dans la foulée, les pneus du véhicule qui transportait Martin Fayulu ont été troués par des policiers. « Fayulu amenait les gens dans un autre véhicule qui le suivait, et quand ils arrivaient où il n’y a pas des policiers, ils descendaient pour marcher », a expliqué le chef de la police ville de Kinshasa, qui assume l’acte commis par ses hommes. « Nous avons troué quelques pneus parce que Fayulu faisait le jeu, il avançait puis il s’arrêtait. Je n’ai pas donné les instructions mais j’assume ce que les policiers ont fait. Il cherchait des incidents, mais j’ai réparé les pneus », a affirmé le général Sylvano Kasongo. Après dispersion à coup de gaz lacrymogènes de l’étau des militants qui se resserrait autour du cortège des véhicules transportant Martin Fayulu, Adolphe Muzito et Fidèle Babala, les forces de l’ordre ont finalement escorté ces derniers jusqu’à la commune de la Gombe.

" Un Etat de non droit"

De quoi faire remonter Martin Fayulu qui a vite dénoncé la violence avec laquelle la police a réprimé les manifestants. « Il y a des manifestants qui ont été arrêtés, tabassés, blessés. Cette violence-là est incompréhensible. Nous voulons nous exprimer dans la tranquillité. Nous avons dit que nous allons faire la résistance citoyenne, et c’est cette résistance. Et nous allons continuer », a-t-il indiqué. Pour lui, la République démocratique du Congo, sous Félix Tshisekedi, est un Etat de non droit. Et d’ajouter sur la même lancée que la « violence sous Tshisekedi serait dix fois pire que celle rencontrée à l’époque de l’ancien chef de l’Etat, Joseph Kabila ».  

Selon la police, il n’y a point eu d’incidents majeurs, les personnes interpellées ayant été relâchées, hormis une seule qui serait maintenue pour coups et blessures sur un agent de l’ordre. Notons que cette marche s’est négociée à l’absence de Jean-Pierre Bemba qui s’était rendu à Gemena, dans la province de l’Equateur, qui accueille la sépulture de son défunt père.    

Alain Diasso

Notification: 

Non