Aide sociale : dans les coulisses d’une maraude avec le ReiperJeudi 16 Décembre 2021 - 18:45 Du mardi au vendredi, entre 11h et 15h, l’antenne mobile " To batela bana”, projet du Reiper, effectue des maraudes dans les différents quartiers de Brazzaville. Le chef d’équipe, Pierre M’Pongui, nous embarque dans son périple à la rencontre des enfants dits en situation de rue. Un voyage non sans risques qui permet à l’équipe d’identifier et créer un lien avec ces mineurs pour une éventuelle réinsertion tant familiale que professionnelle. Il est 11h alors que la fourgonnette de l’antenne mobile se prépare à aller sur le terrain. L’équipe conduite par Pierre M’Pongui fait une dernière mise au point. « En général, nous visitons trois sites par jour, plus un site de réserve en fonction du temps que l’on dispose. On n’a pas de timing précis, cela dépend en fait de la réaction des enfants, s’ils sont hésitants, ou alors prompts à répondre à notre entretien », fait-il savoir. Sur le trajet, Pierre M’Pongui, le regard affuté comme un chasseur, n’hésite pas à demander au chauffeur de marquer un arrêt quand il aperçoit un groupe d’enfants. D’ailleurs, dès le premier virage, l’équipe aborde trois jeunes garçons et tout de suite entame la négociation. « Je m’appelle Junior Gloire Mampassi, j’ai 11 ans, je suis orphelin de père et de mère et je vis dans la rue depuis deux ans, parce que les parents de ma mère m’ont chassé », avance un jeune garçon qui s’exprime étonnement bien en français, mais avoue ne pas être scolarisé. En règle générale, le chef d’équipe intervient très peu dans la conversation, laissant le soin à l’enfant de se dévoiler « C’est au feeling qu’on pose les questions, bien sûr qu’il et il y a des questions-clés qui reviennent, mais on laisse à l’enfant le soin de s’exprimer afin d’obtenir le plus d’informations possibles, bref on veut établir un contact permanent », a souligné Pierre M’Pongui L’écoute, la patience, l’empathie, des éléments-clés pour réussir une maraude Amanda Michèle Mongo prend le relais après les entretiens et offre aux enfants un goûter composé de jus, biscuit et bonbons. Elle fait office d’infirmière pour cette maraude dans le but de venir en aide aux enfants manifestant des signes de maladie. Une action qui nécessite de la mobilité et surtout de l’amour pour ces enfants qui, pour beaucoup, n’ont pas choisi la rue comme refuge mais y ont été contraints parce que fréquemment violentés par les tuteurs. « Il y a des histoires inimaginables, des drames familiaux, qui poussent ces enfants maltraités vers un désir de liberté précoce », explique Pierre M'Pongui, qui ne désespère pas de voir un jour ces jeunes êtres réinsérés au sein de leur famille et suivre des formations professionnelles dans le but de les autonomiser. « L’écoute, la patience, l'empathie constituent donc des éléments clés pour aboutir à notre mission », notifie Michèle Mongo. Si leur travail est noble, il est tout aussi pénible. Obtenir des vraies informations a un prix, a révélé le chef d’équipe, vu que des fois, la quête est aléatoire et partielle comme cela fut le cas sur le site du Pont du 15-août. Seuls des haillons, sacs plastiques, débris jonchant sur le sol vous rappellent la présence des usagers des lieux. « Il y a des jours où nous marchons des heures pour rechercher des sites. Et parfois, ils sont déserts parce que les enfants ont trouvé mieux ailleurs », indique le chef d’équipe. Les difficultés rencontrées La première difficulté est sans aucun doute le mouvement des enfants entre Brazzaville et Pointe Noire. « Difficile dans ces conditions de faire un réel suivi de ces enfants », explique Pierre M’Pongui, déplorant l’attitude de la force publique qui fait des arrestations arbitraires des enfants de rue, ravissant également leurs marchandises et leurs économies. Mais toutes ces difficultés ne représentent rien face au danger que les maraudeurs traversent lors de leurs descentes quotidiennes. « Nous courons un danger quand les enfants sont drogués, à ce moment il faut savoir comment les aborder car il peut arriver qu'ils sortent une arme blanche. Heureusement que ce sont des cas rares »? a révélé Pierre M’Pongui. Annette Kouamba Matondo Notification:Non |