Arrestation de Fidèle Babala et Me Aimé Kilolo : l’équation se complique pour Jean-Pierre Bemba

Lundi 25 Novembre 2013 - 17:30

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Le MLC s’étonne que ces arrestations interviennent au lendemain des Concertations nationales qui avaient pour objectif la recherche de la cohésion nationale.

Le temps se gâte au Mouvement de libération du Congo (MLC). Les festivités marquant les quinze ans de cette formation politique lancées le samedi 23 novembre viennent, en effet, d’être entachées par une série d’arrestations dont sont l’objet quelques cadres de ce parti avec, en prime, l’assassinat du député national honoraire et président fédéral du MLC/Bas-Congo, Lajos Bidiu. Le moral des cadres et militants de ce parti qui passe pour la troisième force politique du pays est plus que jamais au rabais. Fidèle Babala (secrétaire général-adjoint du MLC), Aimé Kilolo Musamba (Conseil principal de Jean Pierre Bemba), Jean-Jacques Mangenda Kabongo (membre de la défense) et Narcisse Arido (témoin cité à comparaître par la défense) ont été arrêtés respectivement à Kinshasa, en Belgique et aux Pays-Bas.

Des arrestations perpétrées entre les 23 et 24 novembre et signées CPI pour qui « les personnes susmentionnées auraient constitué un réseau aux fins de produire des documents faux ou falsifiés et de corrompre certaines personnes afin qu’elles fassent de faux témoignages dans l’affaire concernant Jean Pierre Bemba ». Ainsi peut-on lire dans le communiqué publié par cette juridiction internationale agissant par son juge unique de la Chambre préliminaire II. D’après la source, le transfert de ces personnalités à la Haye se fera conformément aux procédures judiciaires applicables dans les trois pays où elles ont été arrêtées. La Chambre préliminaire II a également demandé aux États concernés de localiser et geler les avoirs des suspects.

Kinshasa a coopéré avec la CPI

Pour le cas du transfèrement du député Fidèle Babala à la CPI, le gouvernement ne fait pas mystère sur sa collaboration en tant qu’État partie au Traité de Rome instituant la CPI. Intervenant sur le sujet hier à l’Assemblée nationale, la ministre de la Justice Wivine Mumba a déclaré que la RDC a agi dans la légalité par le biais du procureur général de la République. Et d'ajouter que cela était conforme à l’article 27 du texte fondateur de la CPI qui « s’applique à tous de manière égale, sans aucune distinction fondée sur la qualité officielle ». Pour la ministre, le gouvernement a agi en toute légalité en exécutant ce mandat d’arrêt de la CPI conformément à l’article 86 du statut de Rome qui oblige les États Parties à coopérer pleinement avec la Cour dans les enquêtes et poursuites qu’elle mène pour les crimes relevant de sa compétence. « Nous avons des engagements internationaux que nous avons signés, qui sont passés par ce Parlement, et qui est le statut de Rome que nous avons ratifié et que nous devons respecter », a-t-elle martelé. Réagissant à la question, le porte-parole du gouvernement a, pour sa part, indiqué que la RDC qui a des engagements internationaux à respecter n’avait pas d’autre alternative que de coopérer à l’exécution du mandat émis par la CPI d’autant plus que le pays n’a jamais envisagé un quelconque retrait du Statut de Rome à l’instar d’autres Etats africains.

Nouveau rebondissement

Avec ces derniers développements, il y a lieu de craindre pour la suite du procès qui risque de connaître un nouveau rebondissement alors que tout était presque ficelé en vue d’une libération éventuelle du sénateur Jean-Pierre Bemba après l’audition des témoins à décharge présentés par la défense. Cette étape passée, alors qu’on attendait que l’incriminé fasse une déclaration sous serment pour clôturer l’audition des témoins à décharge, voilà que le débat vient d’être relancé avec cette histoire de subornation de témoins devant la CPI sur fond d’éléments de preuve falsifiés pour le besoin de la cause.

Non seulement que le procès est relancé, mais en plus, le sort de Jean-Pierre Bemba devient aléatoire lorsqu’on sait que son équipe de défense est quasi décapitée après le décès de Me Kwebe Liris et aujourd’hui l’arrestation de Me Kilolo et Jean-Jacques Mangenda Kabongo. Entre temps, l’argumentaire développé par la défense consistant à dédouaner Jean-Pierre Bemba des crimes perpétrés en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003 au motif que ses militaires n’étaient plus sous ses ordres au moment des faits, risque de basculer si les fameux témoins de la défense confirmaient avoir effectivement été soudoyés pour tronquer leurs dépositions.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Jean-Pierre Bemba Gombo